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Les' ingénieurs des âmes'. Savoirs académiques ...

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tel-00096116, version 1 - 19 Sep 2006<br />

formation continue, la formation professionnelle <strong>des</strong> adultes, la prévention <strong>des</strong><br />

inadaptations ». Le SNP refuse également que le numerus clausus soit défini en lien avec le<br />

marché de l’emploi, dans la mesure où l’offre crée la demande : « ce sont aussi les<br />

psychologues en tant que tels qui poussent à la création d’emploi et permettent de déceler les<br />

besoins, et pas seulement les employeurs qui offrent les emplois ».<br />

On voit donc que contrairement à la SFP, le SNP réclame un mandat extrêmement<br />

large, affranchi du partage habituel entre les trois « secteurs d’application » : santé, travail et<br />

éducation. Une pratique clinique élargie prend le pas sur cette définition limitative mise en<br />

avant par la SFP. Dans l’esprit du SNP, les psychologues doivent devenir une figure<br />

incontournable dans toutes les institutions, où ils se verraient confier une mission de<br />

prévention <strong>des</strong> formes diverses d’inadaptations. La clinique n’est plus simplement un<br />

domaine d’application de la science psychologique (parmi d’autres), mais une méthode, un<br />

état d’esprit, acquis au cours d’une formation universitaire de haut niveau, que doivent<br />

s’approprier tous les psychologues. Un tel point de vue vient compromettre le principe d’unité<br />

de la psychologie : l’extension du mandat, voulue par un syndicat comme le SNP, se fait en<br />

effet au détriment de l’unité de la profession. Ainsi, dans le « Manifeste pour une politique de<br />

la psychologie » paru en 1982, le SNP cherche à situer le psychologue dans le « champ<br />

social » au sens large. Les auteurs du manifeste réclament ainsi « une reconnaissance de la<br />

dimension psychologique » et le « droit de chacun à être reconnu comme un être<br />

psychologique », c’est à dire d’être « écouté, entendu, aidé quand le besoin s’en fait sentir,<br />

que ce soit pour mieux vivre dans son travail, dans ses loisirs, dans sa famille, dans sa vie<br />

personnelle, ou que ce soit pour surmonter <strong>des</strong> difficultés passagères ou permanentes ».<br />

On peut voir dans un tel discours la dimension rhétorique classique consistant à<br />

étendre le mandat en jouant sur la polysémie du concept d’"adaptation". Comme l’a bien<br />

montré Paradeise (1985), la force de ce travail d’argumentation est de construire le "besoin en<br />

valeur" et, à la limite, de le transformer en un droit inaliénable de chaque individu ("droit à<br />

être écouté", "droit à la reconnaissance d’une dimension psychologique" etc.). Ce travail<br />

d’argumentation n’est pas seulement tourné vers les "clients" <strong>des</strong> psychologues. Le SNP<br />

cherche également à s’affranchir de la tutelle <strong>des</strong> médecins en avançant que les applications<br />

de la psychologie ne se limitent pas à la thérapeutique, où les psychologues sont clairement<br />

placés sous la domination du corps médical 92 . Pour les psychologues, l’acte psychologique ne<br />

saurait se rabattre sur l’acte médical : la psychologie clinique s’inscrivant dans le domaine <strong>des</strong><br />

92 A titre d’exemple, les tests psychologiques ne peuvent être remboursés par la Sécurité Sociale que s’ils sont<br />

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