Les' ingénieurs des âmes'. Savoirs académiques ...

étudiantes. Des études plus fines montrent en réalité un continuum entre les dernières années
d’études et l’entrée sur le marché du travail, surtout dans des filières très professionnalisées
comme la psychologie où des stages de pratique professionnelle sont obligatoires dès la
licence 50 . Cette période transitionnelle entre l’université et le monde du travail constitue un
lieu d’observation privilégié de la structuration des identités professionnelles. La première
expérience va en effet contribuer à façonner les représentations du métier et, dans le cas qui
nous intéresse, à donner une orientation à la carrière soit dans le domaine du "social"
(insertion, orientation de publics en difficulté, bilan…) soit dans le monde de l’entreprise
(recrutement, ressources humaines). Pour des raisons de commodité, nous distinguerons ici la
situation des étudiants en reprise d’études, qui ont déjà eu une activité professionnelle avant
de s’inscrire en psychologie et celle des étudiants inscrits en formation initiale.
tel-00096116, version 1 - 19 Sep 2006
a) Les étudiants en reprise d’études
L’enquête statistique fournit quelques données de cadrage sur ce premier point. Elle
nous apprend que seul un petit nombre de répondants (14 %) ont eu une activité
professionnelle avant d’entreprendre des études de psychologie. Il s’agit le plus souvent d’un
public d’adultes en formation continue, qui ont obtenu leur DESS après trente ans. Cette
population se distingue des étudiants classiques sous bien des aspects : ce sont souvent des
hommes (50% contre 22 % dans l’ensemble de l’échantillon) et ils sont issus de milieux
sociaux plus modestes que les autres étudiants. Leur activité antérieure avait souvent un lien
avec la psychologie, dans le domaine sanitaire ou social (infirmiers psychiatriques, éducateurs
spécialisés…) ou dans les ressources humaines. L’obtention d’un diplôme de psychologie
apparaît alors comme un moyen d’obtenir une promotion sur leur poste ou de prendre une
nouvelle orientation de carrière, comme dans le cas de cet ancien psychomotricien devenu
directeur d’un cabinet de conseil en ressources humaines :
« Après le bac, j’ai fait un diplôme de psychomotricien à la Salpêtrière, qui se faisait
en trois ans. C’était purement du paramédical. Et donc c’était passionnant, mais je
me suis aperçu que je n’avais pas une abnégation assez forte pour être bon làdedans…
parce que vous voyez… c’est bien d’avoir un diplôme, c’est pas
compliqué. Mais après, on bosse dans la clinique avec des gamins, ou des ados… ou
des adultes… et on se doit de guérir, d’être thérapeute en quelque sorte. Et je me
suis dit : « Non, je ne me sens pas là-dedans… C’est pas ton truc ! » Parce que je le
ressentais comme le… Comment dire ? Comme le boulot de l’échec. C’est-à-dire
que je bossais avec des psychotiques et je me disais : « Mais il y en a combien au
total qui s’en sortent de cette histoire là ? Combien au total, à terme, s’en sortent ? ».
50 Signalons toutefois que l’enquête « Génération 98 » du CEREQ permet de prendre en compte cette dimension
puisqu’elle contient des informations détaillées sur l’expérience professionnelle acquise avant la fin des études.
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