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Les' ingénieurs des âmes'. Savoirs académiques ...

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éduit pas. On a vu notamment que l’orientation clinique était de plus en plus prégnante dans<br />

le travail <strong>des</strong> conseillers d’orientation-psychologues depuis les années 1960-1970.<br />

CONCLUSION DU CHAPITRE I<br />

tel-00096116, version 1 - 19 Sep 2006<br />

Nous nous sommes efforcé de pointer au fil de ce chapitre les principales limites <strong>des</strong><br />

différentes approches théoriques qui abordent la question du lien entre savoirs et professions<br />

dans la littérature sociologique. D’un côté, la sociologie fonctionnaliste (Parsons, Goode…)<br />

tend à naturaliser les savoirs et à présenter une conception « sous-socialisée » du rapport entre<br />

savoirs <strong>académiques</strong> et professionnalisation. La science devient alors la cause efficiente d’une<br />

professionnalisation qui se confond avec une rationalisation accrue de la société. Mais les<br />

fonctionnalistes nous présentent le plus souvent un schéma à sens unique, qui interdit de<br />

comprendre les phénomènes de déprofessionnalisation ou l’évolution du rapport social entre<br />

différents segments au sein d’une même profession, compte tenu de la vision unitaire et<br />

intégrée <strong>des</strong> professions qu’ils promeuvent. A l’opposé, et en réaction contre ce point de vue,<br />

les sociologies du « monopole » ou de la « domination » (Larson, Berlant, Johnson,<br />

Bourdieu…) et la sociologie interactionniste (Hughes, Becker, Strauss) véhiculent une<br />

conception « sur-socialisée » du rapport savoir/professions. Les savoirs sont tantôt tous placés<br />

sur un même plan, sans considération de l’environnement social et scientifique qui les produit<br />

– c’est le cas notamment de la sociologie du travail française ou de la sociologie<br />

interactionniste –, tantôt dénoncés dans leur rapport instrumental au projet professionnel, où<br />

ils servent alors de support à une domination sociale (Johnson, Navarro, Bourdieu) ou à un<br />

projet de conquête d’un monopole économique (Larson, Berlant). Les sociologies de Freidson<br />

et surtout d’Abbott permettent d’éviter ce double écueil d’un relativisme ou d’un positivisme<br />

excessifs, en proposant <strong>des</strong> outils plus souples qui permettent d’analyser le lien entre<br />

évolution <strong>des</strong> savoirs, transformation de la profession et transformation du besoin social<br />

auquel répond la profession. L’approche interactionniste en termes de segments fournit elle<br />

aussi <strong>des</strong> outils intéressants qui nous permettront de comprendre l’évolution <strong>des</strong> différents<br />

segments au sein de la psychologie (segment expérimentaliste et segment clinique),<br />

perspective nécessaire pour comprendre la professionnalisation de la psychologie en France.<br />

La plupart <strong>des</strong> recherches françaises qui ont été menées jusqu’à aujourd’hui sur la<br />

profession de psychologue s’inscrivent dans une perspective strictement hagiographique, et se<br />

contentent de dérouler inlassablement la liste <strong>des</strong> progrès accomplis par la discipline et la<br />

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