Les' ingénieurs des âmes'. Savoirs académiques ...

tel-00096116, version 1 - 19 Sep 2006
un trop grand nombre de questions, ou parce que les répondants étaient trop âgés (> 63 ans).
Le taux de réponses, de l’ordre de 30 %, est nettement supérieur à celui généralement obtenu
dans ce type d’enquête qui oscille plutôt entre 15 et 20 % 19 . Cette forte mobilisation tient
selon nous à plusieurs raisons. D’une part, comme nous le verrons, le titre de psychologue est
très diversement reconnu sur le marché du travail, bon nombre de diplômés ayant un
sentiment de déclassement lors de l’accès au premier emploi, surtout lorsqu’ils travaillent
dans l’insertion ou la formation. Ces difficultés sont en décalage avec la représentation
homogène et souvent idéalisée de la fonction de psychologue que se sont faite les jeunes
diplômés à l’université, représentation souvent renforcée par le discours des enseignants. Cet
élément permet d’expliquer qu’une telle enquête, qui légitime l’existence de leur profession et
la fait accéder à la dignité d’un objet scientifique, ait été positivement perçue par les
intéressés. D’autre part, comme les sociologues, les psychologues sont par leur formation
familiers des enquêtes par questionnaire : elles sont à leurs yeux des objets dignes d’intérêt,
qui méritent qu’on s’y attarde, d’où une propension à répondre certainement plus élevée que
celle d’autres populations 20 .
Le questionnaire, relativement long (soixante-quinze questions fermées, dix
questions ouvertes), se donnait pour objet d’explorer différentes dimensions 21 . Il s’agissait
d’abord d’étudier l’impact de l’émergence d’un "marché de l’orientation" sur les
psychologues du travail. Les transformations décrites précédemment (montée du chômage,
diversification des pratiques d’insertion et de formation, complexification des trajectoires
professionnelles, recours accru à la notion de "compétence") ont en effet eu pour conséquence
de déstabiliser ce segment tel qu’il s’était construit dans les années 1950-1970. Quel a été
l’impact de ces changements sur l’insertion professionnelle des praticiens, leurs statuts, leurs
salaires etc., mais aussi la reconnaissance du titre et de la fonction de psychologue ? En
second lieu, nous voulions reconstituer par le biais du questionnaire la dynamique et les
recompositions de ce groupe professionnel depuis les années 1970. La composition par âge de
la population enquêtée (tableau IV-2, annexe 4) permettait en effet de retracer des trajectoires
professionnelles sur une période relativement longue, mettant ainsi en évidence des "vagues
générationnelles" caractérisées par l’occupation d’emplois "typiques" d’une génération à
l’autre. Nous nous sommes en particulier attaché à vérifier l’une des hypothèses souvent
19 Dans le cas de l’enquête de PIRIOU (1999) menée auprès de diplômés de sociologie, le taux de retour était
de17 %
20 Afin d’améliorer le taux de retour, nous avions mis à disposition des enquêtés des enveloppes « T » (pas
d’affranchissement) et vérifié de façon systématique les adresses figurant dans les annuaires de DESS.
21 Un exemplaire du questionnaire diffusé est reproduit en annexe dans les sources (pp. 606 sq.).
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