Les' ingénieurs des âmes'. Savoirs académiques ...

tel-00096116, version 1 - 19 Sep 2006
du travail ou encore de les "redynamiser" par le recours à des techniques psychologiques ou
psychothérapeutiques. Derrière cette évolution, on relève aussi une responsabilisation plus
grande de l’individu « traité » : il ne s’agit plus pour le psychologue de décider à sa place
quelle sera son orientation, mais de l’"accompagner" et de "promouvoir son autonomie" dans
un choix librement consenti. Ces transformations se matérialisent dans la percée considérable
de l’antécédent de « conseiller », qui apparaît cinq fois plus souvent en 2002 qu’en 1982.
L’autre évolution prend place du côté des entreprises. Le souci de ces dernières est
moins de contrôler hiérarchiquement les flux de main d’œuvre à l’entrée et à la sortie de
l’entreprise que de gérer de façon optimale les ressources existantes, comme on le voit dans
les termes de « compétence » (« Responsable du développement des compétences »
« Responsable de la Gestion prévisionnelle des emplois et des compétences), de « mobilité »
(« Responsable de la mobilité interne des cadres » « Chargé de la mobilité internationale »)
ou encore de « carrière » (« chargé de la mobilité et des carrières » « Responsable de la
gestion des carrières »). Ce vocable apparu récemment dans les Ressources humaines dénote
bien le souci des entreprises de contribuer au développement personnel de leurs salariés et de
mettre en place, au moyen de techniques psychologiques, une spirale de développement
harmonieuse entre les compétences des salariés et la productivité de l’entreprise. On note
aussi une percée du nouveau vocabulaire managérial dans les métiers des ressources humaines
derrière les termes de « Responsable » (« Responsable des ressources humaines »), de
« manager » (« Ressourcing manager »), de « projet » (« chef de projet RH ») qui tendent à se
substituer à ceux de « directeur », de « chef », ou de « cadre » (voir tableau 37 ci-dessus).
Comme l’ont constaté à une autre échelle Burnod et Chenu (2003) dans leur comparaison des
Enquêtes Emploi de 1991 et 1998, ces évolutions signalent bien la pénétration de la logique
de la « cité par projets » dans le monde des ressources humaines. Au vocabulaire rigide de la
psychotechnique, qui s’accommodait bien de l’univers parcellisé et mécanisé de la grande
entreprise se substitue celui, plus labile et convivial, de l’organisation flexible, de
l’autonomie, du développement des compétences etc.
CONCLUSION DU CHAPITRE V
On relève, derrière les transformations sémantiques que nous venons de décrire à
grands traits, une évolution plus profonde des usages sociaux de la psychologie du travail. On
pourrait penser à première vue que le recul du modèle public d’orientation professionnelle
incarné par la psychotechnique ou que l’abandon du qualificatif de « psychologue » traduisent
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