Les' ingénieurs des âmes'. Savoirs académiques ...

tel-00096116, version 1 - 19 Sep 2006
sujet de préoccupation constant qui peut conduire certaines personnes à se réorienter au
moment du choix de l’option en maîtrise ou en DESS.
On trouve un profil sensiblement différent chez les personnes qui n’avaient jamais
envisagé de devenir un jour psychologues, et qui avaient choisi cette filière dans l’espoir
d’arriver par des voies détournées à une autre profession. Celles-ci découvrent en général
avec surprise que la psychologie ne correspond pas seulement à l’image qu’elles en avaient au
départ et qu’elles pourront y trouver une orientation répondant à leurs attentes. L’acquisition
d’une certaine technicité professionnelle – à travers l’apprentissage des tests – et l’usage des
outils mathématiques en psychologie différentielle apparaissent ainsi comme des gages de
sérieux, qui s’opposent au caractère jugé trop abstrait, parfois même "fantaisiste", de la
clinique. Ce jugement est davantage le fait des garçons que les filles, en raison certainement
de leurs trajectoires scolaires antérieures. On l’a vu, les garçons qui se sont "réorientés" vers
la psychologie au terme d’un échec dans une autre discipline viennent souvent de filières
scientifiques (médecine, MASS, sciences) et sont également issus, plus souvent que les filles,
de baccalauréats scientifiques 47 . La psychologie du travail est alors perçue comme une voie de
sortie honorable, permettant de valoriser les connaissances acquises en sciences tout en
faisant l’économie d’un changement de filière, qui devient de toute manière de plus en plus
irréaliste au fil du temps. La trajectoire de ce psychologue de l’AFPA, venu à la psychologie
après un échec en DEUG MASS illustre bien les mécanismes de cette "conversion"
progressive à la psychologie du travail :
« En fin de deuxième année je restais encore avec l’idée de faire qu’un DEUG de
psycho et de voir après ce que je ferais. Peut-être prof de sport, comme je le voulais
au départ. Et en fait à la fin de la deuxième année je me suis laissé emporter par les
études parce que ça commençait à m’intéresser. Donc j’ai passé la licence. J’aime
bien les aspects rigoureux, un peu méthodologiques etc. donc je me suis dit que ça
pouvait être bien d’orienter soit en psycho du travail soit en psycho expérimentale.
En fin de licence je me suis intéressé plus aux aspects ergonomie et j’ai fait ma
maîtrise en psycho expérimentale sur un thème qui était l’interaction du texte et de
l’image dans une interaction homme-machine. A la fin de la maîtrise je m’étais
inscrit à la fois au DESS d’ergonomie cognitive et au DESS de psycho du travail.
J’ai été pris dans les deux et finalement mon choix s’est porté sur le DESS de
psycho du travail parce que je trouvais que le DESS d’ergonomie cognitive était un
peu trop spécialisé et qu’il y avait un apprentissage de concepts théoriques assez
pointus et pas faciles quoi » (entretien n°21, homme, psychologue à l’AFPA)
47 40 % des hommes de notre échantillon sont titulaires d’un baccalauréat scientifique, ce qui n’est le cas que de
20 % des filles (voir tableau IV-11 en annexe 4). Cette différence s’est maintenue à un niveau à peu près
constant depuis le début des années 1980. Pour la période antérieure, la proportion de personnes issues de filières
scientifiques chute à 20 % environ, la majorité provenant de baccalauréats littéraires. Notre enquête ne portant
que sur une population spécifique on ne peut en tirer de conclusions générales quant à l’évolution du profil des
psychologues dans leur ensemble.
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