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Les' ingénieurs des âmes'. Savoirs académiques ...

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7. La capacité d’établir les prix à un niveau supérieur à celui qui résulterait du libre jeu du<br />

marché.<br />

8. L’unification <strong>des</strong> offreurs, afin de contrôler la vente et le prix <strong>des</strong> services.<br />

9. L’élimination de la concurrence interne (interdiction de la publicité par exemple).<br />

tel-00096116, version 1 - 19 Sep 2006<br />

Une telle énumération n’est pas sans rappeler les théories fonctionnalistes de la<br />

professionnalisation. Berlant prend pourtant soin de préciser qu’à la différence <strong>des</strong><br />

fonctionnalistes, sa théorie de la monopolisation n’est pas un modèle pur mais a été établie sur<br />

la « base d’observations historiques » (op. cit., p. 51). On s’étonnera toutefois du caractère a-<br />

historique du modèle et de la faiblesse <strong>des</strong> illustrations empiriques, toutes tirées de sources de<br />

seconde main concernant la médecine américaine 29 . Comme les fonctionnalistes (qu’il<br />

critique pourtant vigoureusement) Berlant prétend tirer une théorie générale de la<br />

professionnalisation de l’observation d’un seul groupe : la médecine américaine du XX e<br />

siècle. Comme les fonctionnalistes également, sa théorie <strong>des</strong> professions prend la forme d’une<br />

mécanique inéluctable (un certain nombre d’étapes doivent être nécessairement franchies, et<br />

ce, quel que soit le contexte historique ou la nature du travail concret <strong>des</strong> professionnels), à<br />

ceci près qu’il appelle « monopolisation » ce que les fonctionnalistes qualifiaient de<br />

« professionnalisation » et que son modèle est mis au service d’une dénonciation <strong>des</strong><br />

professions et non de leur apologie.<br />

Indépendamment de la faiblesse de son investigation empirique, l’ouvrage de Berlant<br />

révèle – par son caractère excessif et presque caricatural – une limite plus générale les<br />

approches néo-wébériennes de la professionnalisation (que l’on trouve y compris chez<br />

Larson). Comme les fonctionnalistes, elles ne s’intéressent qu’au versant extérieur <strong>des</strong><br />

professions : code de déontologie, système de formation, associations professionnelles et ne<br />

s’intéressent que de façon secondaire aux activités concrètes <strong>des</strong> professions, à la place<br />

qu’elles occupent dans la division du travail. Ainsi, Berlant s’intéresse aux médecins et à leurs<br />

stratégies de monopolisation, sans s’intéresser véritablement à la maladie. Il ne montre pas<br />

pourquoi le corps médical peut répondre de façon adéquate aux problèmes qui se posent à un<br />

moment donné. Du coup, l’expertise <strong>des</strong> professions n’est jamais prise au sérieux. Elle n’est<br />

construction simultanée d’une demande et donc d’une clientèle pour ce marché.<br />

29 Dans les deux premiers chapitres, pas un seul exemple n’est emprunté à une autre profession que la profession<br />

médicale, ce qui peut surprendre au regard du projet initial d’établir une théorie générale <strong>des</strong> professions.<br />

Comme le souligne FREIDSON (1976, p. 406) dans une note critique consacrée au livre de BERLANT (1975),<br />

« [Berlant] ne mobilise pas la littérature sociologique sur les professions et ne se livre à aucune comparaison<br />

entre la médecine et d’autres occupations, ce qui pourrait donner une certaine généralité à ses conclusions. Et<br />

comme il s’appuie sur un petit nombre de sources secondaires, sa présentation et ses conclusions semblent<br />

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