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Les' ingénieurs des âmes'. Savoirs académiques ...

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tel-00096116, version 1 - 19 Sep 2006<br />

les milieux industriels, qui s’étaient jusque-là montrées assez réticents. La codification et la<br />

marchandisation de la psychologie appliquée se poursuit sur cette lancée dans l’immédiat<br />

après-guerre avec la création, en 1921 de la Psychological Corporation, organisme de conseil<br />

en psychologie industrielle qui regroupe les plus grands noms de la psychologie de l’époque<br />

et qui existe encore aujourd’hui : J. McKeen Cattell, Walter Bingham, Granville S. Hall, H.<br />

Holligworth. On peut ainsi dire qu’en 1917, il existe aux Etats-Unis un paradigme de la<br />

psychologie industrielle, structuré autour de deux piliers : la psychologie structuraliste de<br />

Wundt et la méthode <strong>des</strong> tests mentaux de Binet. Signe de cet accord général de la<br />

communauté scientifique américaine, le premier « manuel de psychologie appliquée », écrit<br />

par H.-L. Hoolingworth et A.-T. Poffenberg voit le jour en 1917, et une revue, le Journal of<br />

Applied Psychology naît la même année 44 .<br />

En France, en revanche, l’armée ne fait quasiment pas appel aux techniques <strong>des</strong><br />

psycho-physiologistes du travail pendant la Première Guerre, à l’exception de quelques<br />

expériences de sélection d’aviateurs menées par un physiologiste de la Faculté de Médecine,<br />

Jean Camus, qui avait d’ailleurs conduit ses recherches indépendamment de l’équipe de<br />

Toulouse ou d’Imbert 45 . On peut donc difficilement parler de « professionnalisation » de la<br />

psychologie du travail en France durant cette période. Il existe bien un noyau de psychologues<br />

et physiologistes gravitant autour du laboratoire de psychologie expérimentale de Toulouse, et<br />

partageant un certain nombre de techniques et surtout de convictions politiques, mais les rares<br />

applications qui voient le jour sont faites dans un but exclusif de législation sociale et aucune<br />

entreprise n’a recours aux services de psychologues du travail en France avant le milieu <strong>des</strong><br />

années 1920. Dans cette première période, qui va <strong>des</strong> années 1900 à 1918, les<br />

psychophysiologistes du travail se cantonnent dans un rôle d’experts auprès de<br />

l’administration, mais ils ne gagnent pas leur autonomie vis-à-vis de cette dernière et ne<br />

cherchent pas à développer une discipline académique. A la différence de leurs congénères<br />

américains, ils ne se perçoivent donc pas comme <strong>des</strong> professionnels vendant leurs services sur<br />

un marché, mais davantage comme <strong>des</strong> experts en hygiène sociale, investis d’une mission<br />

morale de régénération de la société, agissant au sein même de l’administration. Par<br />

conséquent, ils ne doivent pas se contenter de convaincre les industriels de la valeur de leurs<br />

44 Ce n’est que bien plus tard, en 1951 qu’une telle entreprise verra le jour en France avec le Traité de<br />

Psychologie appliquée dirigé par Henri Piéron, qui consacre plusieurs chapitres à la psychologie du travail.<br />

45 Voir PIERON (1920, p. 237) : « Toutes les sciences sont intervenues au cours de la guerre et ont fait, de leurs<br />

techniques, <strong>des</strong> armes de combat. La psychophysiologie a dû intervenir et aux Etats-Unis, son rôle a pris<br />

d’emblée une extension considérable. En Europe, ce rôle a été plus mo<strong>des</strong>te (…) en France par exemple, il n’y a<br />

guère eu d’intervention que dans le choix <strong>des</strong> candidats aviateurs. Et encore cette intervention n’a été ,dans notre<br />

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