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Les' ingénieurs des âmes'. Savoirs académiques ...

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tel-00096116, version 1 - 19 Sep 2006<br />

l’action du psychologue se fonde non sur une prescription médicale, mais sur une rencontre<br />

intersubjective avec le patient, à la demande de celui-ci, en quête d’une écoute attentive qui<br />

lui permette une élaboration personnelle, un travail sur soi (…) les psychologues insistent sur<br />

la dimension a-hiérarchique de leur position. N’étant ni médecin ni personnel paramédical, le<br />

psychologue se situe en quelque sorte dans une extra-territorialité par rapport à la médecine.<br />

Son pouvoir est en quelque sorte de ne rien pouvoir ». Cette volonté de se situer « en dehors »<br />

de l’institution relève toutefois plus du fantasme que de la réalité, comme on a pu le voir à<br />

travers l’exemple de la gestion du stress ou <strong>des</strong> politiques d’insertion. Même lorsque l’objectif<br />

est d’apporter une aide ou une écoute, l’action du psychologue peut conduire à une forme<br />

d’aliénation, en interdisant au « client » de traduire ses problèmes dans un registre autre que<br />

strictement individuel. Il en va de même <strong>des</strong> psychologues cliniciens qui travaillent en milieu<br />

hospitalier. Leur prétention à l’"extra-territorialité" est le plus souvent contredite par la<br />

nécessité de porter un diagnostic sur la personne à <strong>des</strong>tination du personnel médical<br />

(notamment les psychiatres), entrant ainsi dans une logique d’objectivation et d’expertise qui<br />

s’accommode mal de la neutralité recherchée. Cette tendance pourrait d’ailleurs être amenée à<br />

s’affirmer dans un futur proche, compte tenu de la nouvelle division du travail qui s’instaure<br />

entre psychiatres et psychologues dans le monde hospitalier. Le rôle <strong>des</strong> psychologues avait<br />

traditionnellement consisté à apporter un soutien et une écoute aux mala<strong>des</strong> qui le<br />

souhaitaient, en complément (et parallèlement) à l’action du psychiatre. Cette position de<br />

neutralité et de relative liberté au sein de l’institution hospitalière est aujourd’hui remise en<br />

cause par une logique de rationalisation <strong>des</strong> systèmes de soin, qui impose un partage plus clair<br />

<strong>des</strong> missions entre psychologues et psychiatres. Désormais ces derniers, davantage formés<br />

aux neurosciences qu’à la psychologie clinique ou à la psychanalyse, tendent de plus en plus à<br />

se centrer sur les aspects somatiques, ainsi que sur <strong>des</strong> fonctions générales d’encadrement,<br />

alors que le volet psychothérapeutique est laissé aux psychologues. Ceux-ci se situent donc de<br />

plus en plus en « première ligne » (avec les infirmiers psychiatriques) pour orienter vers les<br />

psychiatres les cas les plus difficiles (Golse, 2004). Cette transformation de la mission <strong>des</strong><br />

psychologues conduit à la fois à une revalorisation de leur position dans la division du travail<br />

médical et à une perte de leur neutralité au sein de l’hôpital. Ils se dirigent vers un modèle<br />

proche de celui qui prévaut aux Etats-Unis ou en Grande-Bretagne, caractérisé par une<br />

expertise plus grande dans la catégorisation <strong>des</strong> personnes, mais aussi par une plus grande<br />

dépendance vis-à-vis <strong>des</strong> institutions qui les emploient.<br />

jours » (entretien n°29, femme, psychologue à l’AFPA).<br />

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