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Les' ingénieurs des âmes'. Savoirs académiques ...

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tel-00096116, version 1 - 19 Sep 2006<br />

profession depuis ses origines, comme autant d’étapes ayant permis de passer d’un stade<br />

« pré-scientifique » à celui de science positive (Reuchlin, 1957 ; Braunstein et Pewzner,<br />

1999 ; Nicolas, 2002). Il en va de même de la plupart <strong>des</strong> travaux américains, qui sont <strong>des</strong><br />

récits très factuels, ne s’inscrivant dans aucune perspective théorique précise de sociologie <strong>des</strong><br />

professions (Napoli, 1981 ; Capshew, 1999 ; Benjamin et Baker, 2004). Dans ce panorama, il<br />

faut faire exception notable de deux contributions. Il s’agit tout d’abord de l’intéressant travail<br />

de Paicheler (op. cit.), qui étudie la genèse de la profession de psychologue aux Etats-Unis<br />

dans la période 1890-1930 sous un angle néo-wébérien inspiré par Larson. La perspective<br />

théorique adoptée – en terme de fermeture de marché – est pertinente au regard de la situation<br />

américaine au cours de la période, qui se caractérisait par un marché ouvert tant sur le plan<br />

<strong>des</strong> pratiques que sur le plan scientifique. Mais on peut toutefois discuter la validité de son<br />

analyse transposée au cas français, où le contexte scientifique et social de professionnalisation<br />

de la psychologie a été très différent. Il a fallu compter notamment avec l’ombre jetée sur la<br />

psychologie par les deux figures du médecin et du philosophe. La thèse d’Esther Flath (1986)<br />

apporte elle aussi une contribution originale à la connaissance de la profession de<br />

psychologue en France, en s’inscrivant dans une perspective psycho-sociale qui n’est pas sans<br />

lien avec certains travaux interactionnistes (le thème de l’identité est particulièrement<br />

approfondi par l’auteur). Mais au total, comme le souligne Paicheler (op. cit., p. 17), « tout<br />

reste à faire » du point de vue de la connaissance de la profession de psychologue en France et<br />

de son histoire. Nous proposons donc d’apporter ici une mo<strong>des</strong>te contribution à cette<br />

entreprise, en examinant la manière dont a évolué depuis le début du siècle la position d’un<br />

<strong>des</strong> principaux segments expérimentalistes – la psychologie du travail – vis-à-vis <strong>des</strong> autres<br />

segments qui forment la profession. Le choix de la psychologie du travail n’est pas anodin :<br />

c’est autour de cette spécialité que s’est initialement construit le projet professionnel de la<br />

psychologie au cours de l’entre-deux guerres. Les évolutions de la discipline à partir <strong>des</strong><br />

années 1960-1970 et le discrédit jeté sur la « méthode <strong>des</strong> tests » ont peu à peu relégué ce<br />

segment à une position marginale, qui s’est éloigné du cœur de la profession au fur et à<br />

mesure que celle-ci délaissait le paradigme expérimentaliste pour rejoindre un paradigme<br />

clinique.<br />

La psychologie du travail a subi au cours de son évolution l’influence combinée de<br />

trois types de facteurs : <strong>des</strong> facteurs d’ordre scientifique (évolution interne de la discipline),<br />

d’ordre professionnel (évolution de la position relative <strong>des</strong> différents segments au sein d’une<br />

même profession) et d’ordre social (apparition d’une demande de services psychologiques et<br />

transformation de cette demande). Ces trois facteurs forment un réseau de déterminations que<br />

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