27.12.2013 Views

Les' ingénieurs des âmes'. Savoirs académiques ...

Les' ingénieurs des âmes'. Savoirs académiques ...

Les' ingénieurs des âmes'. Savoirs académiques ...

SHOW MORE
SHOW LESS

Create successful ePaper yourself

Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.

tel-00096116, version 1 - 19 Sep 2006<br />

continuent à placer la méthode <strong>des</strong> tests et les pratiques de sélection-orientation au cœur de<br />

l’activité <strong>des</strong> psychotechniciens, en se fermant à toute forme d’innovation. Montmollin<br />

évoque ainsi avec ironie dans Les psychopîtres (1972) la position difficile de ces<br />

psychologues du travail « exclusivement localisés dans les gran<strong>des</strong> entreprises nationalisées<br />

(…) paranoïaques, refusant d’admettre l’évidence et refusant la discussion ». Aussi, lorsque<br />

de nouvelles pratiques de la psychologie appliquée apparaissent dans les entreprises, se<br />

traduisent-elles le plus souvent par la création d’un nouveau service dans lequel les<br />

psychotechniciens ne sont pas impliqués : création de services de formation, d’ergonomie, de<br />

« ressources humaines » etc. Comment comprendre cette sclérose dans l’utilisation qui est<br />

faite de la psychotechnique dans le secteur public ? Une première raison tient certainement à<br />

l’adéquation entre cette technique et un modèle public de gestion de la main-d’œuvre qui se<br />

poursuit en France jusqu’aux années 1980 : la méthode <strong>des</strong> tests offre un critère de classement<br />

simple et surtout anonyme, assez semblable aux concours, qui s’articule bien aux carrières du<br />

secteur public, fortement balisées et codifiées. Il en va de même dans certaines gran<strong>des</strong><br />

entreprises industrielles publiques ou privées (Peugeot, RNUR, Charbonnages de France etc.),<br />

qui ont recours à la psychotechnique pour le positionnement <strong>des</strong> salariés au sein de grilles de<br />

classification, elles aussi fortement standardisées (OS, OP…). A l’inverse, à partir <strong>des</strong> années<br />

1970 et surtout 1980, un nombre croissant d’entreprises privées manifestent le souci de gérer<br />

leur main-d’œuvre de manière plus individualisée et différenciée : c’est la période où les<br />

services de « ressources humaines » se substituent à ceux de gestion du personnel, passant<br />

d’une gestion étroitement administrative à une gestion dynamique et prospective de la maind’œuvre.<br />

Dans ces entreprises, on attend du gestionnaire <strong>des</strong> ressources humaines qu’il soit<br />

autre chose qu’un « testeur » et qu’il diversifie ses instruments d’évaluation afin<br />

d’appréhender la situation du salarié dans une trajectoire de mobilité de plus en plus<br />

complexe 19 . Les psychologues du travail se trouvent donc concurrencés à partir <strong>des</strong> années<br />

1970 par <strong>des</strong> professionnels issus <strong>des</strong> formations en gestion de ressources humaines qui se<br />

mettent en place au cours de cette période, soit dans les filières de gestion <strong>des</strong> universités, soit<br />

dans les IAE (Instituts d’Administration <strong>des</strong> Entreprises) ou les écoles de commerce. L’autre<br />

raison du maintien d’un « modèle psychotechnique » dans le secteur public tient à la<br />

segmentation de la profession dans les années 1960-1970 entre <strong>des</strong> psychotechniciens ayant<br />

accédé à la profession par voie de promotion interne ou à la suite d’un cursus au CNAM ou à<br />

l’Institut de psychologie, et le groupe <strong>des</strong> psychologues issus de la licence de psychologie.<br />

19 Sur cette évolution <strong>des</strong> services de gestion du personnel, voir FOMBONNE (2000)<br />

278

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!