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Les' ingénieurs des âmes'. Savoirs académiques ...

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tel-00096116, version 1 - 19 Sep 2006<br />

s’engager sur la voie d’une application « omnibus » <strong>des</strong> tests 4 , sans souci de vérifier leur<br />

validité, ni de les construire sur <strong>des</strong> analyses du travail préalables. La normalisation accrue<br />

<strong>des</strong> tests vendus par les maisons d’édition (EAP, ECPA, INETOP) favorise inévitablement ce<br />

genre de dérive en diffusant dans toutes les entreprises un nombre limité de tests à succès. Les<br />

maisons de tests doivent en effet faire face au dilemme suivant : soit s’orienter vers une<br />

logique de recherche et produire <strong>des</strong> tests sur demande, au gré <strong>des</strong> besoins précis de chaque<br />

entreprise (mais alors les tests sont faiblement rentables), soit vendre <strong>des</strong> tests généralistes<br />

plus rentables, mais aussi moins précis et ayant une prédictibilité plus faible pour un emploi<br />

donné. Aussi les sacro-saintes « étu<strong>des</strong> de validation » entre tests et réussite professionnelle,<br />

présentées dans les manuels et traités de psychologie appliquée comme la première étape de<br />

toute opération de sélection professionnelle, sont-elles rarement réalisées dans la pratique.<br />

Ecoutons ici le point de vue d’un spécialiste, lui-même psychotechnicien pendant quelques<br />

années au CPA :<br />

« Ces applications de la psychologie scientifique ont suscité pour moi (…) la<br />

découverte progressivement effarée, que ce qui nous avait été enseigné par nos<br />

professeurs (…) comme quoi, en matière de tests, leur validité comme outils de<br />

sélection passait nécessairement par leur validation externe, n’était jamais pratiquée.<br />

Jamais. (…) Je pourrais citer de nombreux exemples, auxquels j’ai personnellement<br />

participé. Un seul suffira ici, mais massif : la batterie de tests élaborée pour<br />

l’orientation <strong>des</strong> recrues du contingent, appliquée à <strong>des</strong> centaines de sujets, a été<br />

mise en place et utilisée sans jamais être validée (à l’époque tout au moins) par une<br />

comparaison, même simple, entre les orientations proposées et les performances<br />

obtenues » (Montmollin, 1997, p. 155).<br />

Tout porte à croire que le cas relaté ici n’est pas isolé. La production de nouveaux tests<br />

décline à partir <strong>des</strong> années 1950, d’où une certaine ossification <strong>des</strong> techniques utilisées en<br />

sélection. Il suffit pour s’en convaincre d’observer les tests vendus par l’une <strong>des</strong> principales<br />

maisons d’édition de tests, la SECAP – Société d’Etude et Construction d’Appareils de<br />

Précision – au cours de l’année 1951 : sur les 9 tests psychomoteurs proposés par l’entreprise,<br />

la totalité ont été crées par Lahy dès les années 1920 5 . L’évolution <strong>des</strong> publications<br />

consacrées aux tests dans les principales revues internationales de psychologie entre 1945 et<br />

1970 illustre aussi un certain essoufflement de la méthode <strong>des</strong> tests à partir de 1954 6 . Les<br />

publications se réorientent vers la formation, l’ergonomie, la psychologie <strong>des</strong> organisations :<br />

4 L’expression de «tests omnibus » a été utilisée pour la première fois par BONNARDEL (1946) dans un article où<br />

il dénonce « l’application massive et irraisonnée » de tests standardisés pour orienter vers <strong>des</strong> emplois pour<br />

lesquels ils n’ont pas été conçus.<br />

5 Arch. INETOP<br />

6 Cette évolution s’inscrit dans un mouvement plus général de recul de psychologie du travail au sein de<br />

l’ensemble <strong>des</strong> publications de psychologie, qui passe de 15% du total <strong>des</strong> publications en 1946 à 3% en 1970<br />

(voir Graphique II-12, annexe 2).<br />

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