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Les' ingénieurs des âmes'. Savoirs académiques ...

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tel-00096116, version 1 - 19 Sep 2006<br />

mobilité géographique ou professionnelle, une promotion, une formation…) soit à se rabattre<br />

vers la solution qui est socialement la plus probable, c’est-à-dire qui s’inscrit dans la<br />

continuité de la trajectoire antérieure. La culture professionnelle du psychologue le pousse à<br />

valoriser la liberté et l’autonomie <strong>des</strong> personnes dans leurs choix, c’est-à-dire à envisager la<br />

rupture par rapport à la trajectoire antérieure. Mais les contraintes institutionnelles de plus en<br />

plus fortes qui pèsent sur leurs pratiques les pousse souvent à abdiquer cette prétention pour<br />

rabattre les personnes vers <strong>des</strong> solutions plus réalistes et immédiatement accessibles. On a en<br />

fait ici deux modèles professionnels différents entre lesquels se partagent les pratiques : le<br />

modèle de « l’expert en évaluation », qui objective les compétences de ses clients et tente de<br />

les faire correspondre avec <strong>des</strong> deman<strong>des</strong> institutionnelles (émanant <strong>des</strong> entreprises ou du<br />

service public de l’emploi) mais qui est de ce fait peu respectueux du « libre choix » <strong>des</strong><br />

clients, et le modèle de l’ « accompagnateur » qui fait au contraire émerger de nouvelles<br />

compétences chez son client, l’amenant à envisager <strong>des</strong> solutions qui ne lui paraissaient pas<br />

accessibles au départ.<br />

Cette opposition entre une logique d’objectivation et une logique d’aide aux<br />

personnes clive fortement la profession. La grande majorité <strong>des</strong> psychologues rencontrés se<br />

montre hostile aux évolutions en cours et défend sa liberté de « faire de la clinique » et de<br />

traiter <strong>des</strong> cas individuels, alors qu’une minorité, essentiellement composée de jeunes<br />

psychologues, manifeste une loyauté vis-à-vis <strong>des</strong> objectifs de l’institution et accepte la<br />

nouvelle mission d’expertise qui leur est confiée. Il y a certainement là un effet de génération,<br />

dans la mesure où les psychologues recrutés dans les années 1970 ou 1980 sont plus souvent<br />

cliniciens de formation et ont connu l’époque où les psychologues de l’AFPA bénéficiaient<br />

d’une grande liberté et pouvaient avoir <strong>des</strong> pratiques professionnelles quasi-libérales dans un<br />

cadre public. Les psychologues recrutés plus récemment (depuis le début <strong>des</strong> années 1990)<br />

sont en revanche davantage formés à la psychologie du travail et moins sensibilisés à la<br />

clinique. Surtout, leur trajectoire professionnelle antérieure les a en général conduits à<br />

occuper <strong>des</strong> emplois non statutaires dans le secteur de l’insertion, dans <strong>des</strong> associations<br />

intermédiaires ou autres. L’entrée à l’AFPA constitue pour eux une évolution de carrière<br />

valorisante et ils sont davantage prêts à accepter les compromis avec leur identité de<br />

psychologue. Il y a certainement là aussi un enjeu générationnel dans la mesure où les<br />

« anciens » reprochent aux jeunes de ne pas avoir la même culture qu’eux et d’accepter les<br />

compromis avec l’institution :<br />

« Moi je pense que les vieux psychos de l’AFPA sont plus en souffrance que les<br />

jeunes. Moi à mon avis, maintenant, ce ne sont plus <strong>des</strong> psychos qu’on recrute. Ils<br />

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