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1. Le paysage de la psychologie professionnelle entre 1950 et 1970 : une
professionnalisation en demi-teinte
Qu’en est-il du degré de « professionnalisation » des autres segments de la
psychologie dans la période 1950-1970 ? Celui-ci apparaît relativement faible si, à la suite de
Parsons (1964) ou de Hughes (1996 [1963]) 43 , on considère qu’un niveau élevé de
professionnalisation suppose un prestige élevé de la discipline dans le champ universitaire de
haut niveau ainsi qu’une position privilégiée dans l’échelle de revenu et de prestige. Nous
allons examiner successivement ces différentes dimensions.
a) Une discipline dominée dans le champ universitaire ?
(1) Morphologie du corps enseignant
tel-00096116, version 1 - 19 Sep 2006
La licence de psychologie occupe une position relativement dominée dans
l’université française des années 1950 et 1960. Elle fait partie, aux côtés de la géographie, de
la sociologie ou de la linguistique des « nouvelles disciplines » apparues dans les facultés de
lettres 44 au lendemain de la seconde guerre mondiale. Les propriétés sociales des enseignants
en psychologie tendent à évoluer après la création de la licence. Jusqu’aux années 1950, les
enseignants de l’Institut ou des chaires de psychologie de la Sorbonne portaient pour la
plupart les marques de l’excellence scolaire : le plus souvent normaliens et agrégés de
philosophie, ils avaient aussi parfois poursuivi des études de médecine (voir chapitre II
supra) ; tout tendait donc à les rapprocher de leurs collègues des autres disciplines
(philosophie, lettres, histoire, langues anciennes) pour lesquels l’agrégation et un passage par
l’Ecole normale étaient les préalables quasi obligés à l’obtention d’un poste universitaire. Le
profil socio-démographique du corps enseignant se transforme avec la massification des
études de psychologie dans les années 1960. C’est en partie la conséquence d’un
accroissement brutal du corps enseignant qui se fait à un rythme plus rapide que dans les
autres disciplines : en l’espace de cinq ans (1963-1967) le nombre d’enseignants en
sur son expérience clinique concrète ».
43 Parsons et Hughes portent bien entendu des jugements radicalement opposés sur le phénomène de
professionnalisation, qui est vu par le premier comme la conséquence naturelle de la rationalisation et par le
second comme un travail rhétorique opéré par les groupes sur eux-mêmes, en vue d’en retirer des avantages
symboliques et matériels. Mais Hughes n’en ébauche pas moins – fût-ce pour les critiquer – les attributs que doit
normalement détenir une « profession professionnalisée » (voir notamment son article de 1963 sur les
« professions établies »).
44 Il faut rappeler que les « facultés de lettres », fortement clivées entre les licences d’enseignement (histoire,
philosophie, lettres, langues) et les autres licences (sociologie, démographie, géographie, psychologie…) ne
deviendront « facultés de lettres et de sciences humaines » qu’en 1958.
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