Les' ingénieurs des âmes'. Savoirs académiques ...

simplement dans son rôle d’"écoutant" mais apparaît avant tout comme un évaluateur, face
auquel le candidat endosse un rôle de composition. Pour lever toute ambiguïté vis-à-vis de la
personne rencontrée, certains psychologues estiment plus prudent de ne pas pousser trop loin
les investigations dans le cadre d’entretiens professionnels et se montrent soucieux de ne pas
dépasser la "ligne rouge" de la sphère intime. Le fait de ne pas se présenter comme
"psychologue" face au candidat peut être alors un moyen d’éviter tout malentendu.
3. Des « intitulés flous » aux « métiers flous »
tel-00096116, version 1 - 19 Sep 2006
Si la mention du titre de "psychologue" est rare dans la définition des emplois de
notre population, on relève néanmoins la présence d’intitulés récurrents, qui peuvent
contribuer à l’unification symbolique du groupe en dehors d’une référence officielle au titre.
Hormis le libellé de « psychologue du travail » (4.6%), ceux qui ont la fréquence d’apparition
la plus élevée sont : « responsable RH » (4.6%), « conseiller d’orientation psychologue »
(3.9%) « consultant en RH » (3.3%), « conseiller bilan » (3.3%), « responsable du
recrutement » (3.1%), « consultant » (2,9%) 110 . Tous ces libellés renvoient d’une manière ou
d’une autre à une activité centrée sur l’évaluation d’autrui, et supposent la mise en œuvre de
compétences psychologiques. Les emplois correspondants ne sont toutefois pas le monopole
exclusif des psychologues et l’on a même vu que dans certains cas, elles pouvaient entrer en
conflit avec l’identité acquise en formation initiale. Il est difficile aussi de dire, à la simple
lecture des libellés, si on a affaire à une fonction clairement définie et institutionnalisée,
supposant un embryon de professionnalisation, ou à un faisceau de tâches peu reliées entre
elles. Ainsi, le « formateur » ne déclare qu’une seule activité et renvoie à un groupe
professionnel relativement identifié à la différence du « conseiller en bilan, orientation et
formation », qui en désigne trois et n’a pas d’appartenance professionnelle immédiatement
lisible. De plus, les frontières entre catégories sont parfois subtiles et de faibles variations
sémantiques peuvent induire de profondes différences dans la réalité professionnelle.
L’intitulé de « conseiller en bilan » renvoie à un groupe professionnel reconnu exerçant au
sein des CIBC contrairement aux « consultants en bilan » qui exercent dans des structures
privées et n’ont pas de statut précis, mais perçoivent des salaires en moyenne 20% plus
élevés.
Face à une telle hétérogénéité, que peuvent nous apprendre les intitulés d’emploi et
quelle méthode de classement privilégier ? Dans quelle mesure pouvons nous lire, derrière les
110 Voir tableau IV-14, annexe 4.
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