Les' ingénieurs des âmes'. Savoirs académiques ...

a) Les "éclectiques"
tel-00096116, version 1 - 19 Sep 2006
Ce premier sous-ensemble figure dans le quadrant nord-ouest du graphique. Ses
membres se définissent par l’utilisation de méthodes diverses, les unes validées
scientifiquement (tests d’aptitude et de personnalité), les autres non reconnues par les milieux
scientifiques. Ces personnes se déclarent proches de leur discipline de formation : elles se
tiennent informées de l’actualité en psychologie, sont en contact avec les maisons d’édition de
tests, participent éventuellement à des activités de recherche, mais elles se montrent dans le
même temps ouvertes à des méthodes considérées comme peu orthodoxes par les "purs"
chercheurs en psychologie. Les consultants en ressources humaines 100 , en formation et en
organisation forment le groupe le plus représentatif de cet ensemble. Le discours dominant est
que l’évaluation d’autrui est une affaire si complexe qu’il faut ne s’interdire aucune méthode,
pourvu qu’elle permette d’améliorer le diagnostic final. On retrouve ici l’idée que le contact
avec l’impur, avec la diversité et la complexité humaines conduisent à un certain pragmatisme
dans les techniques utilisées, qui s’éloigne de la rigueur scientifique et de la pureté
professionnelle promues par l’université. Ces personnes soulignent d’ailleurs la difficulté de
mettre en œuvre dans leur travail quotidien les méthodes d’évaluation enseignées à
l’université, qui apparaissent trop théoriques et éloignées de la réalité du monde praticien. Il
semble dès lors plus sage de multiplier les méthodes et les points de vue pour éviter de faire
une erreur : l’humain est complexe et l’on ne saurait se contenter d’une seule méthode ! Le
point de vue exprimé par ces consultants reflète bien cette approche éclectique :
« Moi si vous voulez au départ, j’avais un a priori tout à fait négatif contre la
graphologie, comme tous les psys. Mais au bout d’un moment, comme le
graphologue avec qui je travaillais arrivait toujours au même résultat que moi, c’est
devenu embêtant ! Il faut bien se dire que… Il faut pas rester buté sur son principe, et
il faut essayer de comprendre. Donc à partir de là, j’ai essayé de comprendre. et je
crois que pour éviter de se tromper quand on évalue autrui, j’aurais tendance à dire
qu’il vaut mieux faire feu de tout bois. Il vaut mieux avoir des repères différents. (…)
Le test ne neutralise pas forcément plus la situation que la grapho. Surtout sur des
sujets aussi complexes que la personnalité. Alors bien sûr, tout ça, c’est des querelles
de clochers. Pour moi c’est des querelles de clocher, et je pense que la vérité n’y
gagne pas. Soyons modeste : Dieu n’existe pas en matière d’évaluation dans le
recrutement. Donc à partir de là, prenons le maximum d’outils et essayons de voir si
ça concorde. Et si ça concorde, on peut estimer qu’on ne se goure pas, à 80% ! »
(entretien n°10, homme, directeur associé d’un cabinet de recrutement).
R : « Nous, dans le cabinet, on part du principe que tout est outil… Donc la situation
elle-même de présélection, c’est un outil en soi, l’entretien collectif… C’est un
critère comme un autre qui nous permet d’avoir certaines informations sur le
candidat. L’entretien personnel, c’est un outil, euh… Les tests c’est un autre outil et
l’analyse graphologique en est encore un autre ».
100 Composé pour l’essentiel de consultants en recrutement.
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