Les' ingénieurs des âmes'. Savoirs académiques ...

tel-00096116, version 1 - 19 Sep 2006
glorieuses. Il s’agit davantage de prendre en charge les parcours individuels complexes qui se
sont installés dans les interstices du marché du travail à la frontière du salariat et de
l’assistance, du travail et du hors-travail.
Ces rapprochements entre orientation publique et privée, favorisés notamment par la
loi sur le bilan de compétence (1992), ont conduit à l’émergence d’un groupe professionnel
partageant un même socle de pratiques, mais dont les contours restent flous et qui s’exerce
sous une grande diversité de statuts. Alors que la psychologie du travail concentrait l’essentiel
des praticiens de l’orientation avant 1980, les références théoriques et les formations initiales
des travailleurs de l’orientation se sont considérablement élargies depuis une vingtaine
d’années. Les statuts se sont eux aussi diversifiés : l’orientation professionnelle s’exerçait
auparavant dans un cadre public et sous un statut de fonctionnaire (conseillers d’orientation
de l’Education nationale) ou dans des emplois présentant les mêmes garanties (psychologues
de l’AFPA conseillers professionnels de l’ANPE) ; elle s’exerce aujourd’hui le plus souvent
dans des structures privées (centres d’orientation ou de bilan privés, cabinets de conseil en
recrutement-formation…) ou dans des « associations intermédiaires », apparues dans le
sillage de la loi de 1987 organisant ce secteur.
Plusieurs travaux de recherche récents sont venus combler le vide signalé par Dubar :
ils ont été menés dans deux directions. Un premier courant, issu de l’économie des
conventions, s’intéresse aux catégories mises en œuvre par les intermédiaires de l’emploi −
essentiellement des "recruteurs" en cabinet de recrutement ou en entreprise − dans des
opérations de jugement portant sur les "qualités" des travailleurs (Eymard-Duvernay et
Marchal, 1997 ; Marchal et Renard-Bodinier, 2001). Les auteurs explorent la manière dont les
conventions sont outillées (par des tests psychologiques, des grilles de classification, des
outils de description des compétence etc.) et dont elles s’incarnent dans des situations de
jugement sur le marché du travail. Toutefois, seules les conventions et les règles sont jugées
dignes d’intérêt et ces travaux restent le plus souvent silencieux sur l’épaisseur historique et
sociologique des groupes professionnels concernés, leurs modes de structuration et leurs
éventuels cloisonnements. Qui sont ces nouveaux professionnels de l’orientation et de la
formation ? Quelle est leur trajectoire sociale et professionnelle ? Quelles sont leurs
pratiques ? Forment-ils un groupe unifié ? Comment se positionnent-ils par rapport aux
groupes déjà en place (conseiller d’orientation de l’Education nationale, conseillers de
l’ANPE, psychologues de l’AFPA etc.) ?
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