Les' ingénieurs des âmes'. Savoirs académiques ...

ont encore le titre mais… Et notamment quand on sait ce que ça veut dire que d’être
psycho à l’AFPA ! Maintenant les jeunes qui rentrent n’ont pas de formation interne.
Ils arrivent ici, on est soumis à la production et personne ne peut s’occuper
d’eux… » (entretien n°22, femme, psychologue à l’AFPA).
tel-00096116, version 1 - 19 Sep 2006
L’exemple de l’AFPA montre que le tiraillement entre la « logique de la
profession », qui pousse à valoriser la fonction clinique et l’aide aux personnes, et la « logique
de l’organisation », qui suppose au contraire de faire entrer les personnes dans des catégories
pré-construites et à les ajuster aux demandes du marché du travail rend difficile la conquête
d’une indépendance professionnelle et d’une véritable autonomie technique. Les
psychologues de l’AFPA, comme leurs collègues des CIO (centre d’information et
d’orientation) ou des centres de bilan ont du mal à faire valoir leur autonomie et leur culture
professionnelle face à des organisations qui exigent d’eux des résultats quantifiables et une
expertise clairement identifiée. On peut se demander, face à une telle situation, quels sont les
moyens d’action dont dispose la profession pour faire valoir son point de vue. Ces
contrepoids peuvent-ils venir de la profession de psychologue dans son ensemble ? Existe-t-il
un soutien mutuel suffisant entre ses membres pour construire un rempart face aux pressions
institutionnelles venues de l’extérieur ?
3. La faiblesse des contrepoids professionnels
L’univers des professionnels de l’orientation est un profondément divisé, segmenté,
et comprend une multitude de statuts et de situations professionnelles différentes. Qu’y a-t-il
de commun entre un cadre de ressources humaines, un consultant en recrutement, un
conseiller en formation et un psychologue de l’AFPA ? En dépit d’une pratique
professionnelle commune, centrée autour de l’évaluation des personnes, aucun mouvement
fédérateur ne semble susceptible de réunir ces professionnels autour d’une cause commune.
Selon leur lieu d’exercice, certains sont davantage au service de l’entreprise ou de
l’organisation qui les emploie : c’est le cas des cadres de ressources humaines ou de
communication, qui cherchent le développement de l’entreprise avant celui des individus ;
d’autres affirment être au service des personnes, du développement individuel, notamment
lorsque leur activité consiste à donner un conseil de carrière (conseillers en bilan, conseillers
en formation…) ; d’autres enfin vivent une tension permanente entre l’objectif d’aide aux
personnes et les objectifs de l’entreprise ou de l’organisation qui les rémunère : c’est le cas
notamment des consultants en recrutement, soucieux tout à la fois de valoriser au mieux les
compétences des personnes et de satisfaire le client qui fait appel à eux, c’est le cas aussi des
psychologues chargés de l’évaluation annuelle des salariés dans les entreprises, qui vivent une
493