Les' ingénieurs des âmes'. Savoirs académiques ...

champs d’application, en 1985. L'une des conséquences de cette unité du titre sera l’emprise
croissante de la psychologie clinique et de la psychanalyse sur la psychologie du travail, qui
ne parvient pas à maintenir la spécificité de ses origines « expérimentales » face à ce segment
dominant. Parallèlement, on assiste à une emprise croissante de la psychologie clinique sur les
questions d’emploi. Ce qui était autrefois perçu comme un problème d'ajustement externe au
marché du travail devient un problème individuel, une pathologie qu'un spécialiste (le
psychologue) doit traiter. La méthode des tests, issue de la psychologie expérimentale, décline
considérablement et est peu à peu supplantée par l’entretien clinique, notamment dans le
secteur de l’insertion et de l’aide à la recherche d’emploi (CIBC, Missions locales, AFPA…).
L’action publique en direction du marché du travail devient elle aussi plus complexe, en
raison de la montée du chômage, de la diversité accrue des trajectoires individuelles et de la
multiplication des phases de « transitions professionnelles » (Rose, 1994).
tel-00096116, version 1 - 19 Sep 2006
METHODOLOGIE
Notre travail repose sur l’utilisation de moyens d’investigation empiriques variés :
principalement des entretiens, des archives et les données d’une enquête par questionnaire
réalisée auprès de 1900 psychologues du travail en activité, pour laquelle nous avons obtenu
557 questionnaires exploitables.
Pour la période antérieure à 1970 nous nous sommes appuyé sur des sources de
première main, faute d’études historiques approfondies sur ce segment de la profession 18 . Les
premiers pas de notre recherche ont ainsi consisté à dépouiller systématiquement différentes
revues centrales dans le champ étudié : l’Année psychologique, sur la période 1900-1950 ; le
BINOP (Bulletin de l’Institut National d’Orientation Professionnelle) et la revue Le Travail
Humain. Pour la période postérieure à 1945, nous nous sommes principalement appuyé sur
deux revues professionnelles : le Bulletin de psychologie, qui a été dépouillé sur toute sa
période d’existence (de 1947 à aujourd’hui) et Psychologie Française, l’organe de la SFP
(Société Française de Psychologie), dépouillé sur la même période. Sans avoir au départ une
idée très précise de ce que nous cherchions dans ces différentes revues, la problématique de la
18 Cette remarque concerne d’ailleurs aussi les autres segments. Contrairement aux cas des Etats-Unis
(CAPSHEW, 1999 ; BENJAMIN et BAKER, 2004) de la Grande-Bretagne (ROSE, 1990) ou de l’Allemagne
(GEUTER, 1992), il n’existe pas de synthèse historique ou sociologique sur la profession de psychologue en
France. Une série d’autobiographies de seize psychologues de lange française a été rassemblée dans un ouvrage
(PAROT et RICHELLE, 1992) mais le danger inhérent au genre – celui de l’hagiographie – ne sont pas toujours
écartés et surtout aucun psychologue clinicien, à l’exception de Didier Anzieu, n’y est présent. Saluons
l’initiative de la revue Psychologie et histoire, née en 1997, mais qui reste malheureusement très centrée sur les
aspects scientifiques et bien peu sur les applications de la psychologie.
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