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Les' ingénieurs des âmes'. Savoirs académiques ...

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tel-00096116, version 1 - 19 Sep 2006<br />

américaine sans mentionner la figure centrale de William James (1842-1910), érudit<br />

cosmopolite issu de la bourgeoisie de la côte Est <strong>des</strong> Etats-Unis. Bien qu’il fût médecin de<br />

formation, James n’exerça jamais cette profession et se tourna très jeune vers la psychologie<br />

expérimentale, qu’il découvrit à l’occasion d’un voyage en Allemagne en 1867 (où il suivit<br />

notamment les cours de Du Bois Reymond et de Helmholtz et se familiarisa avec les travaux<br />

de Weber et Fechner). De cette expérience, James garda longtemps la conviction que le<br />

laboratoire est une source inépuisable d’information et de progrès dans le domaine de la<br />

psychologie. Mais, si James donna donc une impulsion décisive à la psychologie, en créant à<br />

l’Université de Harvard un « laboratoire de psychologie » en 1891 et en délivrant <strong>des</strong><br />

enseignements au sein de cette université, il semblait lui-même manifester peu d’intérêt pour<br />

le travail de laboratoire. Il se détourna rapidement de la psychologie expérimentale pour<br />

développer dans les années 1890 une philosophie d’inspiration pragmatique, qui le conduisit à<br />

s’intéresser principalement aux conséquences de l’expérience immédiate sur les états de la<br />

conscience 97 . Après avoir obtenu le poste de « professeur de psychologie » à Harvard en<br />

1889, il demande à reprendre celui de « professeur de philosophie » en 1897. Dès 1892, il fut<br />

remplacé à la tête du laboratoire de Harvard par un psychologue allemand formé par Wundt à<br />

Leipzig : Hugo Münsterberg (1863-1916). Ce psychologue, qui fonda la psychologie<br />

industrielle aux Etats-Unis, fut le réel animateur de la psychologie scientifique à ses débuts. Il<br />

organisa le laboratoire de Harvard sur le modèle de celui de Leipzig, aussi bien du point de<br />

vue <strong>des</strong> thèmes de recherche (temps de réaction, attention, mémoire, calcul, psychophysiologie<br />

<strong>des</strong> sensations) que sur le plan de l’organisation interne (ainsi, par exemple, les<br />

étudiants partageaient leur temps entre leurs propres travaux et la participation aux recherches<br />

de leurs collègues en tant que sujets ou en tant qu’expérimentateurs). Münsterberg apporta par<br />

ses recherches personnelles une contribution majeure au développement de la psychologie du<br />

travail (étu<strong>des</strong> psycho-physiologiques de professions, élaboration de tests de sélection…). On<br />

aurait toutefois tort de ne voir en lui qu’un pur technicien. C’était un homme d’une grande<br />

culture, qui entretenait une correspondance régulière avec les plus grands penseurs de son<br />

époque : Pierre Janet, Georg Simmel, Ralph Waldo Emerson, Max Weber, Werner Sombart,<br />

mais aussi avec <strong>des</strong> personnalités politiques : le syndicaliste Samuel Gompers, le leader noir<br />

William Du Bois, l’homme politique Théodore Roosevelt 98 . Grâce à lui et à un autre disciple<br />

97 James écrivait en 1896 à son ami le psychologue suisse Théodore Flournoy : « Je me suis tout à fait débarrassé<br />

du laboratoire et j’offrirais sur-le-champ ma démission si l’on voulait m’en charger à nouveau. Les résultats de<br />

ce travail de laboratoire m’apparaissent de plus en plus décevants et insignifiants » (cité par REUCHLIN, op. cit.,<br />

p. 22)<br />

98 Arch. Münsterberg, Boston Public Library<br />

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