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Les' ingénieurs des âmes'. Savoirs académiques ...

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avec l’autorité <strong>des</strong> preuves scientifiques, tend à limiter l’exploitation excessive du<br />

personnel » 91<br />

tel-00096116, version 1 - 19 Sep 2006<br />

L’expérience de la STCRP montre bien le poids de ces contradictions dans<br />

l’émergence de la psychotechnique en France. Les applications de la psychotechnique dans<br />

cette entreprise de transports en commun débutent en 1921, grâce aux contacts noués par<br />

Edouard Toulouse avec Louis Bacqueyrisse, le directeur <strong>des</strong> services techniques de la<br />

STCRP. La STCRP est à cette époque une entreprise relativement ouverte aux innovations en<br />

matière de gestion du personnel. Elle est confrontée à la sortie de la guerre à une question<br />

simple : comment recruter de bons conducteurs de tramways et d’autobus ? Cette question en<br />

recouvre en réalité deux : comment réduire les accidents de tramways liés à l’intensification<br />

de la circulation automobile à Paris ? Comment faire <strong>des</strong> économies d’énergie, dès lors que le<br />

style de conduite affecte considérablement la consommation d’électricité ? Lahy, qui avait<br />

mené <strong>des</strong> expériences sur les conducteurs de tramways dès 1908 propose de mettre en place<br />

un « laboratoire de psychotechnique » dans cette entreprise afin d’affiner les métho<strong>des</strong> de<br />

recrutement. Après trois années d’expérimentations menées au laboratoire de psychologie de<br />

l’hôpital Sainte-Anne, un service est créé en 1924, dans les locaux de la STCRP. Ce service<br />

se voit en fait attribuer deux missions distinctes. La première se situe au niveau du<br />

recrutement, et consiste à sélectionner les candidats à l’entrée dans l’école d’apprentissage.<br />

Cette mission est relativement bien acceptée par la direction et les syndicats, qui n’y voient<br />

pas de menaces particulières pour leur pouvoir discrétionnaire. Les résultats s’avèrent<br />

satisfaisants puisque entre 1923 et 1936, le nombre moyen d’accidents annuel par machiniste<br />

était passé de 1,53 accidents à 0,61 accidents, alors que dans le même temps, le nombre global<br />

d’accidents de la circulation automobile à Paris augmentait fortement 92 . L’examen<br />

psychotechnique permet par ailleurs de réduire les coûts de formation <strong>des</strong> machinistes puisque<br />

presque tous les apprentis réussissent l’examen de sortie de l’école d’apprentissage. Comme<br />

le note avec satisfaction le directeur de la STCRP en 1927 :<br />

« Avant la création du laboratoire, le nombre de machinistes reconnus incapables,<br />

pendant ou après leur apprentissage, était de 20%. Depuis que s’opère la sélection<br />

préalable, ce déchet est tombé à 3,4%. En raison du nombre élevé de nos apprentis et<br />

du coût de leur formation, nous réalisons ainsi une économie d’environ 150000<br />

francs » 93<br />

91 Arch. Lahy, carton n°38 Sous-dossier 645, « Bulletin officiel du ministère <strong>des</strong> PTT » (1925)<br />

92 Arch. RATP, Note DGEST, n°1547, 1929. Voir graphique II-4 (annexe 2) sur l’évolution <strong>des</strong> statistiques<br />

d’accidents <strong>des</strong> conducteurs de tramways dans la période 1923-1938.<br />

93 Cité par HUSSON (1935, p. 640)<br />

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