Les' ingénieurs des âmes'. Savoirs académiques ...

tel-00096116, version 1 - 19 Sep 2006
qui permet de prendre de la hauteur par rapport aux pratiques antérieures en se tournant
davantage vers la psychosociologie, le conseil en organisation… Cette forme de mobilité est
en outre associée à des salaires très élevés, ce groupe constituant très certainement l’élite de la
profession au point de vue des salaires et des statuts. Le second profil est celui des personnes
qui ont opéré le mouvement inverse, c’est-à-dire qui sont passées du secteur du conseil à celui
de l’entreprise (Conseil>>entreprise). Cette mobilité est généralement associée à de bons
salaires mais à des profils de carrières plus mouvementés, puisque le nombre total d’emplois
occupés est ici particulièrement élevé. On peut penser que le choix de se diriger vers le monde
de l’entreprise traduit le souci de s’"installer" en rejoignant une carrière plus stable que celles
qui prévalent généralement dans le monde du conseil. Ce passage est toutefois difficile
compte tenu de la frilosité des entreprises à embaucher des personnes jugées trop instables et
dont la connaissance des domaines liés à la gestion du personnel est parfois insuffisante
(comptabilité, droit du travail…). Pour cette raison, lorsqu’elles rejoignent l’entreprise, ces
personnes se retrouvent le plus souvent dans des postes d’études dans les grandes entreprises
(chargés d’études en formation ou ressources humaines) ou sur des postes techniques de
chargés de recrutement. L’accès aux fonctions de gestion ou de direction de personnel est en
revanche assez rare. Le dernier type de mobilité enfin concerne les mouvements entre le
secteur du conseil et celui du social. On s’aperçoit que ce dernier type de mobilité concerne
les générations les plus récentes et semble lié à la conjoncture sur le marché du travail. Les
passages du secteur du conseil au secteur social (Conseil>>social) sont particulièrement
élevés pour la génération ayant obtenu le DESS entre 1991 et 1995, c’est-à-dire dans une
période caractérisée par la montée du chômage et le développement du champ de l’insertion
alors que les passages inverses (social>>conseil) sont davantage le fait de la génération 1996-
2001 caractérisée par une baisse du chômage et une demande dans le secteur des ressources
humaines et du recrutement. On peut donc penser que certaines personnes de ces générations
ont réorienté leurs carrières en fonction des opportunités qui se présentaient ou
qu’inversement elles ont été obligées de se réorienter vers le champ du social à la suite d’un
retournement de conjoncture. Nous ne commenterons pas les passages du secteur social à
celui de l’entreprise (et vice-versa) car ils sont extrêmement rares et notre échantillon permet
difficilement d’en tirer des conclusions définitives.
Le cas de la génération 1991-1995 est particulièrement intéressant à étudier car il
vient corroborer l’hypothèse selon laquelle les conditions qui prévalent lors de l’entrée sur le
marché du travail dessinent des profils de carrières différents. Cette génération présente en
effet la particularité de concentrer la plupart des personnes désignées comme "responsable de
405