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Les' ingénieurs des âmes'. Savoirs académiques ...

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fortes) elle l’est moins dans les nouvelles professions, qui autorisent un jeu plus grand entre<br />

titre et poste et laissent se développer <strong>des</strong> stratégies individuelles de reclassement. Comme le<br />

montre Eckert (2002), de telles stratégies sont par exemple à l’œuvre chez les jeunes<br />

<strong>ingénieurs</strong> issus <strong>des</strong> formations universitaires qui sont plus prompts à énoncer leur emploi sur<br />

le mode de la position occupée dans l’entreprise (« chef de projet », « responsable<br />

d’équipe »…) que sur celui du titre intemporel d’ingénieur, se différenciant par là de leurs<br />

congénères issus <strong>des</strong> écoles plus prestigieuses. L’énoncé <strong>des</strong> intitulés laisserait donc<br />

transparaître deux mo<strong>des</strong> d’affiliation socialement différenciés : allégeance à l’organisation<br />

ou à l’entreprise qui assure une position dans un cas, allégeance à la profession à laquelle on<br />

se sent légitimement appartenir de l’autre.<br />

(4) L’action publique<br />

tel-00096116, version 1 - 19 Sep 2006<br />

Quoique plus rarement évoquées, les transformations de l’action publique constituent<br />

un autre facteur essentiel d’évolution <strong>des</strong> intitulés d’emploi. Le pouvoir instituant de l’Etat ne<br />

se limite pas en effet aux corps établis (« inspecteur <strong>des</strong> finances », « contrôleur <strong>des</strong> impôts »,<br />

« professeur agrégé », « <strong>ingénieurs</strong> <strong>des</strong> Ponts et Chaussées »…), ce sur quoi a bien insisté<br />

Kramarz (1991), mais se manifeste de manière plus diffuse dans l’ensemble de la structure<br />

sociale. Il est d’ailleurs probable que son influence sur les processus de dénomination se fasse<br />

de plus en plus de manière indirecte sous l’effet de la territorialisation <strong>des</strong> politiques<br />

publiques : l’ouverture de nouveaux champs d’intervention dans les domaines liés à l’Etatprovidence<br />

constitue un réservoir inépuisable de nouvelles dénominations dans les métiers de<br />

l’éducation, de la santé, de la culture, du travail social, le plus souvent en dehors <strong>des</strong> corps<br />

professionnels constitués (assistantes sociales, éducateurs, professeurs…). De même les<br />

politiques de lutte contre le chômage, qui se sont traduites par la création volontariste de<br />

nouvelles activités dans le domaine <strong>des</strong> politiques de l’environnement, du développement<br />

économique local ou de la médiation, ont contribué à faire émerger de nouveaux intitulés<br />

professionnels. Ces nouveaux métiers nous mettent face à une situation inédite, où l’activité<br />

vient s’organiser autour d’un nouveau « nom », censé constituer le point de départ d’une<br />

nouvelle activité. Comme le note Demazière (2004) à propos <strong>des</strong> médiateurs, « la désignation<br />

de l’activité professionnelle devance l’identification de missions spécialisées » et « la<br />

nomination préexiste à la constitution éventuelle d’un groupe professionnel ». Dans le même<br />

ordre d’idées, Jeannot (2002) relève l’apparition dans le champ de l’action publique de<br />

« métiers flous » qui doivent leur existence à une injonction politique, prenant d’ailleurs plus<br />

120 Voir MENGER (2003)<br />

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