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Les' ingénieurs des âmes'. Savoirs académiques ...

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d’autres aspects, ce qui peut conduire à l’orienter vers un type de métier bien particulier, alors<br />

qu’un test de QI simple, nettement plus binaire dans son fonctionnement, ne permet pas la<br />

« récupération » <strong>des</strong> inaptes et introduit une hiérarchie unidimensionnelle <strong>des</strong> individus, à<br />

laquelle doit répondre une structure hiérarchique <strong>des</strong> positions sociales. Les caractéristiques<br />

essentielles de la conception française <strong>des</strong> aptitu<strong>des</strong> se trouvent contenues dans ce passage de<br />

J.-M. Lahy (1933, p. 7) :<br />

« L’expérience a prouvé en premier lieu que les sujets, – sauf dans le cas<br />

d’anormaux graves qui relèvent de mesures d’hospitalisation –, ne sont jamais d’une<br />

infériorité totale dans tous les tests, et en second lieu que <strong>des</strong> fonctions de valeur<br />

médiocre sont compensées chez eux par d’autres fonctions meilleures. Toutes les<br />

combinaisons possibles, au point de vue <strong>des</strong> aptitu<strong>des</strong>, se trouvent donc représentées<br />

dans la masse <strong>des</strong> travailleurs, et répondent ainsi à la variété <strong>des</strong> activités<br />

professionnelles et <strong>des</strong> occupations existantes ».<br />

tel-00096116, version 1 - 19 Sep 2006<br />

La théorie <strong>des</strong> aptitu<strong>des</strong> de Piéron se rapproche nettement de celle de Lahy, même s’il<br />

en développera davantage les applications dans le domaine scolaire que dans celui du travail.<br />

Dans sa conception (elle aussi empruntée à Toulouse) chaque individu dispose d’un répertoire<br />

d’aptitu<strong>des</strong>, qui sont les mêmes pour tous, mais inégalement réparties chez les différents<br />

individus. Il est donc possible pour chaque individu d’exceller dans un domaine particulier –<br />

et donc d’occuper une position sociale en rapport avec cette aptitude spécifique – même si le<br />

niveau moyen de ses aptitu<strong>des</strong> est mauvais.<br />

b) Facteurs politiques et sociaux : les hygiénistes contre Taylor<br />

En arrière plan <strong>des</strong> conceptions scientifiques qui viennent d’être évoquées, et qui<br />

entraînent une moindre codification du « produit » proposé par les psycho-physiologistes, se<br />

profile une conception particulière du rôle que les premiers praticiens entendaient faire jouer à<br />

leur discipline, à la frontière d’un souci de rationalisation et d’un certain hygiénisme social. Si<br />

la psychologie industrielle est née aux Etats-Unis sous le signe de « l’efficacité industrielle »<br />

(Münsterberg, 1913) et du meilleur rendement possible, elle relève davantage en France d’un<br />

souci d’équité et de justice sociale, et apparaît marquée du sceau d’un idéalisme républicain :<br />

la psychologie scientifique permettra d’orienter chacun vers la place qui correspond à ses<br />

aptitu<strong>des</strong> et à ses capacités, assurant ainsi une meilleure valorisation <strong>des</strong> individus et une<br />

meilleure utilisation <strong>des</strong> forces sociales. Cette orientation prise dès ses origines par la<br />

psychologie du travail française n’est pas sans lien avec les conceptions théoriques d’Imbert<br />

ou de Lahy qui viennent d’être exposées. Ces deux auteurs manifestent une attention<br />

constante aux facteurs de « milieu » dans la genèse <strong>des</strong> aptitu<strong>des</strong>, dans une conception<br />

intérêts économiques d’un groupe en voie d’ascension sociale.<br />

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