27.12.2013 Views

Les' ingénieurs des âmes'. Savoirs académiques ...

Les' ingénieurs des âmes'. Savoirs académiques ...

Les' ingénieurs des âmes'. Savoirs académiques ...

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

tel-00096116, version 1 - 19 Sep 2006<br />

branche, désigne davantage un niveau de la négociation collective qu’une classe particulière<br />

d’activités (telle qu’il apparaît dans les « accords de branches professionnelles » par<br />

exemple).<br />

Jean-René Tréanton, dans un texte antérieur à celui de Naville, s’était au contraire<br />

montré bien conscient de la difficulté de transposer terme à terme le concept anglo-saxon à la<br />

réalité française (Tréanton, 1960). Il propose donc de traduire professionalization par deux<br />

mots différents : lorsqu’elle se rattache au mouvement de stabilisation <strong>des</strong> relations de travail<br />

dans l’entreprise ou la branche, Tréanton suggère de recourir au concept de « carriérisation »,<br />

qui s’applique alors plutôt aux métiers manuels. En revanche, lorsqu’il désigne l’organisation<br />

de certaines activités sur le modèle <strong>des</strong> professions anglo-saxonnes, Tréanton propose<br />

d’utiliser le terme d’« ordonnation », puisque l’objectif est d’atteindre le modèle <strong>des</strong><br />

professions « ordonnées » (c’est-à-dire organisées au sein d’un ordre).<br />

Sur quels critères Tréanton fonde-t-il la distinction entre « professions ordonnées » et<br />

« professions carriérisées » ? Un premier critère réside dans la nature du « bagage technique<br />

et théorique » mis en œuvre par les différentes activités : les professions ordonnées font appel<br />

à un savoir théorique complexe, acquis au terme d’une formation universitaire, ce qui n’est<br />

pas le cas <strong>des</strong> professions carriérisées (art. cit., p. 74). Mais le critère le plus important est<br />

ailleurs. Il réside dans le fait que les professions ordonnées répondent à <strong>des</strong> « besoins sociaux<br />

relativement stables » alors que les professions carriérisées répondent à « <strong>des</strong> besoins plus<br />

fluctuants » et que par conséquent « leur statut s’expose aux hasards de la concurrence, aux à-<br />

coups du progrès » (art. cit., p. 79). Il est intéressant de noter qu’à la différence <strong>des</strong><br />

fonctionnalistes, Tréanton ne naturalise pas les savoirs mis en œuvre par les professions. La<br />

science n’est pas pour lui l’attribut suprême <strong>des</strong> professions et il n’y a pas de marche<br />

irréversible vers la rationalité : les savoirs doivent au contraire toujours être mis en rapport<br />

avec <strong>des</strong> besoins sociaux et le système social dans son ensemble. Mais le problème n’est pas<br />

résolu pour autant : la naturalisation est simplement repoussée en amont à travers la<br />

distinction faite par Tréanton entre <strong>des</strong> « besoins sociaux stables » (médecine, justice,<br />

éducation…) et <strong>des</strong> « besoins sociaux fluctuants ». Cette distinction conduit Tréanton à<br />

proposer une représentation du marché du travail divisé en trois niveaux : au sommet, les<br />

professions ordonnées (qui répondent aux besoins sociaux les plus stables), dans l’entre-deux,<br />

<strong>des</strong> professions carriérisées présentant une certaine sécurité, parce qu’elles répondent aux<br />

le signe de plus en plus lâche d’une appartenance à "la profession" » (NAVILLE, art. cit., p. 239)<br />

60

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!