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t. II (PL 64)

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1499 APPENDIX AD BOETIUM. 1300^ Ceux qui aiment les belles-lettres les liront toujoursavec plaisir, parce qu'ils sont remplis d'(5rudition,On en trouve du moins autant dans ceux queWallin nous a donn6s en 1656 : ils sont beaucoupplus clairs, plus silrs et moins diffus.Denis de Chartreux, cent ans auparavant, en avaitle perdre tout i. fait, de 1'abattre pour le soumettrek toutes ees volont^s. Car n'est-ce pas mourir millefois le jour, et goilter pour ("289) ainsi dire la niorta longs traits que de survivre si longtemps k Tarrfitde ea condamnation.Eusfebe, livri a l'injustice, ob^it sans diff^rer auxordres du prince ; il prononga a Boece son arret, etle fit h rinstant charger de fers et de chaines si pesantes,qu'elltfs le tenaient toujours courbS vers laterre. Ce n'6tait pas un Ifiger supplice pour un hommeaccoutumfe h regarder le ciel, ou son coeur se portaitcontinuellement : il avoue lui-m4me qu'il lui futdes pliis senaibles [Lib. i de Consol. Phil., pr. 4). <strong>II</strong>entendit son arr4t sans en fitre 6mu, et toutes aesdisgrdces ne furent pas capables de tirer de lui lamoindre plainte. Comme il n'avait jamais eu d'attaclieaux biens de ce monde, et qu'il avait toujoursregerdi avec m^pria r^clat de !d grandeur humaine,il s'en vit avec indiff^rence injuatement dipouillfi.Elev6 au-des6u8 de tout ce qui passe avec le temps,il enviaagea toutes ces pertes comme un gain assur^qu'il faisait pour r^ternitS, et comme un moyen d'acheversa course avec plus de 16g6ret6, et de s'unird'autant plus 6lroitemeot i son CMateur, que son4me (290) se trouvait d6gag6e de tous les iiens quiretiennent Thomme si d^mesur^ment attach^ ala vie.Dans cet §tat, comme s'il eilt §t6 le plus heureuxdea mortels, ou d^ji affranchi de la condition humaine,il n'eut plus d'entretien qu'avec Dieu et nechercha plus que dans lea IrSsors de sa divine sagessela force et la consolatioQ dont il avait besoin.C'eBt cc qui lui donna lieu de composer ces livres (a)admirables de la Consolation de la Philosophie. Onne peut les lire sans Stre 6tonn6 de la tranquillitS deBon 4me et de la palx profonde dont elle jouissait aumilieu de tant de disgraces. lls sont entrem416a deprose et de poSsie et (291) ce mfelange agrfiable.qui se aoutient ^galement depuis le commencementjusqu'a la (in, les a /ait toujours regarder oomme unouvrage de plua accomplis dans son genre et lechef-d'0Euvre de Tauteur. <strong>II</strong> est distribu4 en cinq livres,et on ne sait ce qu'on y doit le plua admirercette varifetfi de raisona, de pensSes plus fines, plusSlevSes les unes que les autres et pleines de p\M,ou la beautS du style, le choix des mots et la douceurdes expressions. <strong>II</strong> a fait depuis douze sifecleslea dSlices de tous les gens d'esprit, et il a 6t6 traduiten autant de langues diff^rentes qu'il y a denations dans TEurope. Mais comme les traducteursne sentaient paa dans leur coeur cette vive flammede Tamour de Dieu qui animait celui de Bogce lorsqu'illo composait, et n'6taient pas p6n6tr6s autantque lui des grandes vfiritSs qu'il y traite, on n'ytrouve paa les mgmes charmes et les m6mes attraits,et il y manque beaucoup de gr4ces de roriginal.Le savant Murmelle (6) a fait un (202) Commentairesur les cinq livres de la Consolation de Boece,et aes remarques servent beaucoup k donner une intelligenceplua parfaite des pensSes de Tauteur, parcequ'il y fait voir la liaison qu'ont ensemble plusieursendroits qu'on croyait d'abord n'en avoir point, etqu'il explique bien des choses qu'on ne comprendpas aisfiment, sans 6tre bien vers6 dans la lecturedes pofetes et dans la connaissance des coutumes desanciens Romains.Bfait aussi sur le m6me ouvrage ; ils ne sont pas am^priser. Si on n'y trouve pas autant d'eruditionprofane que dans ceux de (293) Murmelle, on y remarqueplus de pifite et plus d'instruction pour le«mceurs. Ils ont 6t6 autrefois attribuAs a saint Thomasd'Aquin, mais sans fondement.On donnera dans la seconde partie de cet ouvrageune analyse des cinq livres de la Gonsolation de laPhilosophie de BoSce plus ^tendue que celles de sesautres trait^s, parce qu'il s'y trouve plusieurs circonstancesde sa vie qu'on sera oblig^ de d^velopper,et qui donneront beaucoup de jour a son histoire.Bo6ce, ayant donc commencS dans la prison dePavie ses livres de la Consolation de la Philosophie,n'eut pas le temps de les y achever ; car aprfes qu'onlui eut prononc^ l'arr6t de sa mort, on le transffiradans un chateau situ6 au territoire de Calvance(Anonym. apud Vales. p. 485, num. 30), 6Ioign6 (c) decioq centa milles ou environ de Rome, et presqueautaut de Pavie, au milieu d'un d^sert (294) affreux.Dieu le permit pour prouver davautage la coustancede aon serviteur par la privation entifere de toutesles consolations humaines, et Th(5odoric en usait ainsiaQn de lasser sa patience ; et, 8'il demeurait inflexible,pour le faire mourir sans 6clat et sana risqued'exciter aucun Irouble dans TEtat. <strong>II</strong> raurait difficilement6vit6 s'il ledt fait exficuter publiquementdans Rome ou dans Pavie, et le s6nat ne Tauraitpeut-fitre pas souffert.Ce fut dans cette solitude, dans cet abandon g6n4-ral de toutes les cr6atures, que la divine Sagesse secommuniqua plus familiferement h notre philosophe,Q et ce fut la qu'il acheva ses livres de la Consolationde la Philosophie. <strong>II</strong> rapporte lui-mfime que Th6odoricn'omit rien dans ce triste s^jour de ce qu'ilcrut capable de le faire changer de sentiment. Onvoulait premiferement qu'il reconnut les lettres qu'onlui impntait ; en aecond lieu, qu"il dfeclarat que laconduite de Th^odoric envers le s6nat ^tait pleinad'6quite et de justice, et que, bien loin d'avoir gouvern6ses Etats en tyran, il avait laiss6 au s^nat et(295) aux peuples qui lui 6taient soumia toute lalibertfi et tous les avantages dont ils avaient jouisous les empereurs qui les avaient gouvernSs depuisConstantin. Convenant de ces deux faits, on lui faisaitespfirer la vie et la libertS.Quelques pressantes que fussent les aollicitationsqu'oQ lui fit, jamais elles ne purent amollir soncourage. Incapable de trahir la v^ritfi ni de dissimiilerses sentiments par une Idche complaisance, iltint ferme jusqu'i la fin, protestant toujours que lean lettres qu'on lui imputait ^taient fausses et suppos^es,et d'une autre part, qu'il ne ceaserait jamais defaire des voeux pour la liberti de sa patrie et pourTaccroissement de la foi et de la religion catholiquequ'on tclchait d'opprimer.Plusieurs mois 8'6couI6rent dans ces soUicitations.Tbeodoric, voyant qu'elle8 etaient inutiles, rfesolutd'avoir par la force des tourmenta ce qu'il n'avait puobtenir par les menaces ; mais elles n'eurent pas ,(o) On est redevable a Nicolas Creacius, Florentin,moine de Tordre de Citeaux, d'avoir rStabli les livresde la Consolation de Boece dans leur premiferepurete sur les meilleurs et les plus anciens manuscrits,qu'il chercha avec beaucoup de soin dans touteslea bibliothfeques d'Italie. Avant I'6dition qu'il enfit faire h Florence, on ne pouvait pas les reconnaitre,tant ils Staient corrompus et diffSrents des originaux.(4) Murmelle fut reoteur du collige de Munster, amiet condisciple d^Erasme. <strong>II</strong> a beaucoup travaillfi arendre dans son sifeole, qu'on peut dire avoir 6ti un,sifecle d'ignorance, le lustre aux belles-lettres. <strong>II</strong> cstmort en 1517.(c) Nunc vero quingentis fere passuum millibus procuimoti atque indefensi. Lib. i de Cons. Phil. pr. 4. Cestdu dfisert de Calvance que Boece veut parler en cetendroit, car de Rome h Pavie on na compte que troiscents milles environ.

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