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t. II (PL 64)

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1S35 APPENDIX AD BOETIUM. lo36Si Dieu permettait qu'il fiit affligS, peut-6tre s'6carterait-ilde la vertu. Dieu T^pargne, parce qu'il pi6-voit qu'il deviendrait mauvais par radvetsitfe. Envoici un autre d'uue vertu plus hSroique, un saintdupremier ordre, parfaitement uni a Dieu ; la Providencetrouve qu'il n'a pas besoin d'^tre exerc6 parradversitS, ni m^me par aucune maladie du corps,elle liii laisse patser tranquillemeut ses jours. Elle(92) prevoit que cet aulre se perdrait par une prospSriti5continuelle, elle permet qu'il tombe de temps entemps dans quelques ISgeres adversites, de peurqu'il ue s'(5l6vo par une Lrop longue felicitS. Celui-ciparait d'uu temperameut fernie et robuste, 11 a be-Boin d'6tre affermi dans la vertu, elle le fait passerpar de plus rudes Spreuves, et permet qu'il soitexerce par de continuelles tribulations, afin qu'ils'affermisse dans toutes les vertus par Texercice dela palience. Les uns se laissent abaltre trop ais§- rlen. Car c'est un axiome regu de tous les philosophes,ment par la crainte, les autres presument trop de que de ricn il ne se fait rien. Nous ne rentendona,leurs propres forcea, la Providence rfegle les biens g comme les anciens, que du sujet matiSriel, et nonet les maux, ce que nous appelons les accidents de pas du premier principe op^rant, et de' la causela forlune, selon leurs besoius. Pr6voyaat que cethomme, tout crimioel qu'il est, le deviendrait encoredavantage 8'il tombait ilans rindigence, et se porteraitk de plus grands excfes, Dieu permet qu'il devienneriche, pour empgcher qu'il ne devieune plusmauvais. L'attache qu'il a k ses biens, la crainte deles perdre est un frein qu'il met k ses passions : ?ouventil changera de moeurs et de conduite, en craignantde perdre sa fortune, et de (93) devenir malheureux.<strong>II</strong> y en a d'autres qu'une fSlicitfi continuelledont ils ont abus6 a plong^s dans rabime de la misfere.Dieu seul, qui peut se servir ^galement desbieas et des maux pour en produire de bons effets,ee sert des plus grandes disgrSces pour Ten retlrer.Souvent il 8'est servi des m^chants pour rendrebons d'autres encore plus m^chants. Enfin Tordrequ'il a Slabli est tel, que celui qui s'en eloigne retombetoujours dans cet ordre admirable ; et c'estainsi qu'il n'arrive jamais rien dana le monde limirairementni par hasard. profondeur des jugementsde Dieu, ressorts iuconcevables de sa providenceinconnua aux hommes, qu'il8 ne peuveut jamais p&-n^trer, encore moins expliquer par leurs paroles IBoSce examine ensuite avec la Sapesse ce que Tondoit penser des sentiments ordinaires des hommestouchant la bonue et la mauvaise fortune. Quelle peutfitre cette mauvaise fortune? r^pond la Sagesse :telle qu'elle est, ne sert-elle pas a exercer rhommeou k le corriger, el par cons^quent n'est-elle pastoujours bonne, puiBqu'elle est loujours utile ? La fortune(94) ne peut fitre mauvaise que pour les m6-chants. Si Thomme a de la vertu, il ne doit pointtrouver mauvais qu'on Tappelle, qu'on le d^fie aucombat, de mfime qu'uQ homme de ccEur ne craintpoint d'all6r a rennemi ;parce que c'est par la resistancequ'il doit faire au vice et a radversitS, qu'ilpeut s'affermir dans la vertu. Gomme la rfisistancede reunemi fait la gloire du vainqueur, plus d'hommede bien trouvera de rfisislance dans la fortune, plusil acquerra de gloire et de m^rite en la surmontant.<strong>II</strong> ne faut pas croire, ajoute la Sagesse, que ceuxqui font profession de suivre la vertu Taieut embras-B^e pour se laisser amoUir par la volupt^, c'estpour entrer en lice, pour combaltre continuellementcontre la fortune et contre les passions, afin de ne selaisser jamais opprimer par les accidents les plusfacheux de la vie, jamais abattre par la tristesse,jamais s^duire par les plaisirs, mais pour apprendre^Ci. df meurer toujours dans une juste et parfaite Sgalited'esprit, au miUeu des revers les plus f4cheux etdu dirangerQenl de la fortune. <strong>II</strong> est entre vos mainsde vous rendre la fortune telle (95) que vous la voulez,celle meme qui vous parait la plus mauvaisecar ou elle exerce, ou elle corrige, ou elle punit, etpar la vous la devez toujours trouver bonne, puisqu'ellevous est toujours utile.Boece demande a la Sagesse ce qu'elle pense duhasard, et s'il y en a vSritablemeut. Quoique laquestion paraisse 8'61oigner du but qu'elle s'etaitpropos6, cependant, parce qu'elle est irfes-utile, laSagesse veut bien encore Ten instruire. Si vousappelez hasard, lui dit-elle, un 6v6nement produitpar un mouvement t^miJraire et sans aucun concoursde causes, je vous rfeponds qu'il D'y a point de hasarddans le monde ; c'est un nom vain qui ne signifieefficiente de toutes choses. S'il se produisait dans lanature quelque ev6nement sans concours de causes,il se ferait quelque chose de rien ;par cons^quent ilne peut y avoir de hasard dans le monde, si vousrentendez de cette (96) manifere. Mais le hasard oule fortuit, de la manifere dout les philosophes Fontdfefini, el que le peuple iguore, est un 6v6uementauquel on ne s'attendait pas, et qui arrive par le concoursdes causes secondes qui agissent pour quelquefin. Par exemple, un homme va labourer dans sonchamp, 11 y trouve un trSsor, voili le hasard ; maiscela ne ee fait pas de rien. Cet 6v6nement a sescauses ; car si quelqu'un n'avait pas cachS de Targentdans ce champ-14, et si un homme n'y 6tait pas all^labourer, le tr^sor ne s'y serait pas trouv6.Je conviens bien avec vous, dit Boece a la Sagesse,de renchainement admirable qui se remarque dans leconcours des causes secondes, de cet ordre in^vitableque la Providence a 6tabli dans le monde ; mais si leschoses sont comme vous le dites et comme je le crois,la volontfe des hommes y est infailliblement assujettie,de mfime que toutes les autres crSatures. EUe seradonc entratnSe infailliblement dans leur cours fixe etarrfit^e ; et par \k Thomme n'aura plus de liberti. LaSagesse lui rSponi qu'il n'y a aucune crfiatureraisonnable sans libert^, parce (97) qu'elle n'estraisonnable qu'autant qu'elle peut se servir de saraison naturelle, et dfes qu'elle s'en peut servir, ellepeut porter un jugement et discerner par elle-mtoece qu'elle doit fuir et 6viter, ou ee qu'elle doitrechercher. Celui-la demande et prend ce qu"il croitlui convenir, et fuit ce qu'il croit lui Stre nuisible ;et qui peut faire ce discernement a la libert^, quiconsiste k vouloir ou ne vouloir pas, a vouloir cettechose ou une autre ; mais cette libert^ est proportionn6eaux diffferentes natures raisoonables. Car dans lesn substances apirituelles et C(Sleste3, telles que sont leaanges et les saints, 11 se trouve un jugement vif,p6n6trant une volont6 entifere sans corruption, etune facilitS prompte, une puissance absolue pourfaire tout ce qu'il8 souhaitent. (a) Les Smes aaintes,(98) quoique encore environnfies d'une chair mortelle,mais qui sont continuellement occupSes de la contemplationde la Divinit^, jouissent d'une plus grandelibert^, i proportion qu'elles sont plus dStachies deschoses sensibles et terrestres ; mais leur libertfi estmoins parfaite que celle des saints. Si elles s'attachentaux chosea matSrielles et sensibles, leur libertfi(«) <strong>II</strong> semble que Boece, se servant de ces termes,en parlant des 4mes, cum dilabuniur ad copora, aitcru leur prSexistence, comme les platoniciens. Cependanton peut les expliquer des affections sensibleset terrestres des ames unies aux corps;maissi cette explicaiion ne paratt pas assez naturelle, onpeut dire que cette opinon ne lui a pas 6t6 particu-li^re, et qu'elle a kik celle de plusieura philosopheschrStiens, et que le contraire n'a klk clairement dfifinique par le concile de Latran sous Innocent <strong>II</strong>I,eu d^cidanl comme uu article de foi, que Dieu creeles ames en les unissant h nos corps, et qu'il les uniten les orfiant.1

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