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1527 APPENDIX AD BOETIUM. 1S28cieDne qui vous sfeduit. Avez-vous quelque chose deplus cher que vous-mfimes ? non, sans doute. Si vousvous possidez vous-mfimes, vous aurez ce que vousne voudrez jamais perdre, et ce que la fortune nepourra jamais vous enlever. Mais je vais plus loin, et,afia de vous faire connaitre que le bonheur de Fhommene peut consister dans ce qui est caduc et pfirissable,il faut que vous sachiez qu'il n'y a que le souverainbien qtii puisse faire volre veritable ffelicite. Ce souveraiubiea est tel, qu'il ne d^pend de rieu, qu'il n'estsujet a aucune vicissitude (64), et ne peut jamais vousteur et k vous-mSme, en mettant votre bonheur (66)dans des choses si viles et si mSprisables ? Vous Tabaissezet vous vous avilissez vous-meme au dessousde ces viles crdatures, puisque vous les croyez capablesde vous rendre heureux, et par consSquent audessusde vous. Toute la grandeur de rhomme cousistedans le rang qu'il tient au-dessus de toutes leschoses de la terre, et il ne le conserve que quaud ilconnalt son excellence ; et il cesse d'y etre, el devieotinf^rieur anx betes mfmes, !orsqu'il cesse dela connaitre ; et il cesse de la connaitre en croyanttrouver son bonheur dans les choses qui sont au dessousde lui. Qnelle Straoge b^atitude seraient les richessesqui jetteraient rhomme dans rinquiStude,dans la crainte, dfes qu'il serait heureux ! prxclaraopum mortalium bentiludo,qunm cum adeptus fueris, securusesse desisti ! Les dignifSs, les oharges, la puissance,sont incapables de rendre bons ceux qui lesexercent, puisqu'elles les couvrent au contraire demepris lorsqu'il3 n'en sont pas dignes. La r^putalion,la gloire de sc faire un nom dans la postSritS est aussiune f^licite vaine et trompeuse : comparez les espacesiiifinis de r^ternitS avec toute (67) la dur^e deia repulatiou d'un homme, ne sera-t-elle pas moinl^dre qu'une minute comparie k dix milUers d'annees?La fortune se dficlare donc moins rennemie derhomme quand elle le dfipouille de ces biens apparentset quand elle lui parait contraire que lorsqu'ilcroit qu'elle lui est favoralile. Lorsqu'elle lui rit, ellele seduit par Tapparence de la fi5licite ; mais lorsqu'elleest facheuse ou inconstante, elle se montre tellequ'elle est. La fortune riaute trompe, la mauvaise instruit,la mauvaise fait le discernemeut des vSritablesamis, qu'on ne peiit distinguer lorsqu'elle est favorable;la fortune en quittant rhomme ne lui laisse quefitre enlevS. Pour filre parfaitement heureux, il fautetre assurS de rimmutabilitS et de la perp6tuit6 de ce qui ^tait h lui v6ritablement, et elle entraine toutson bonheur ; car si on craint de le perdre, quelle ce qui ^tait a elle.peut filre cette f(JUcite ?Troisieme livre. — La Sagesse ayant instruit etAprfes que la Sagesse s'est beaucoup fetendue sur ce consol6 son 6!^ve, il reconnalt les obligations qu'il luia. souveraine consolatrice des hommes luisujet, elle dit k son 616ve qu'elle sait qu'il est convaincuaffligSs,par plusieurs dfemonstrations que r4me de dit-il, que vos raisons sout puissantesrhomme est immortelle, et que d'ailleur9 la fi51icit61 que vosmes sont doux ! Je me sens tout autre, et ilchar-me semgde ce monde fiuitpar sa sfeparation du ble qu'a pr^sent la fortuoe par ses corps, et querevers les plus ca-s'il D'y en avait point d'autre, on ne pourrait point pricieux n'aura plus de prise sur moi. Loin de redouterraust^rite de vos maximes, ramertunie des re-douter que tout le genre humain ne tomb^t dans iineextrfime mis6re par la mort. EUe entre ensuite dans m^des qu8 vous (68) ni'appliquez, je les goiite, ilsle d^tail des choses que rhomme regarde comme pouvantfont mes dSlices, et j'y trouve toute ma consolationfaire ici-bas son bonheur, et lui en fait senlir continuez donc de m'instruire. Aprfes avoir gardfetout le nSant. Premiferement elle prouve que ce bonheurquelque temps le silence, la Sagesse continue dese peut se trouver dans les richesses, car rien parler. Les hommes, dit-elle, s'«gitent et s'embar-n est plus vil que leur mati^re, et si elles ont quelquerassent, ils se donnent mille peines chacun dans saapparence de bien, ce n'est que quaud on les r6- maniere ; tous cependant n'ont qu'une mfime fin, quipand, et non pas lorsqu'on les euferme. D'ailleurs ce est de se rendre heureux, mais souvent ils s'6garentbcnheur doit fitre commun a tous les hommes, et un dans les diff^reutes voies qu'ils prennent pour y parvenir; ils se fatiguent inutilement dans leurs recher-homme ne peut s'enrichir sans en appauvrir un autre: igilur angustas inopesqiie (65) divitias, quas nec ches, parcc qn'ils igoorent quel est oe bonheur, ethabere totas pluribus licet, el ad quemlibet sine ccelerorumqu'il ne consiste que dans le souverain bien; ce bien,paupertuie non veniunt ! Ce bonheur ne consiste le plus grand de tous les biens, et qui les renfermepas uou plus daus une grande suite d'esclaves et de tous en lui-mfime, de manifere que si aucun d'eux luivalets ; car si leurs mcEurs sont corrompues, quelle manquait, il ne serait plus le souverain bien, parcepeine est-ce pour un maitre ! quelle charge pour une qu'il y aurait quelque chose hors de lui qu'il pourraitmaison ! a combien de dSsordres et de malheurs devient-elleC souhaiter, et qu'il n'aurait pas. De la concluez que laexpos^e ! S'il3 sont regles, leur probit^ ne v6ritable bSatilude est un 6tat parfait et permanentdoit pas fitre complee au nonibre des bieus qui vous oij tous les biens se trouvent rfeunis, Status bonorumappartiennent, puisqu'elle est a eux et nou pas & vous. omnium aggregatione perfectus.Ceslk cette souveraineLe luxe, la beautS des ameublements n'ont-ils pas bfiatitude que les hommes tendent et se portent naturellement,aussi leur incommoditS ? Rien n'est plus certain quemais par des voies si differentes ; car lecelte maxime, que ceux qui possfedent beaucoup de d6sir (69) de la b^atitude est gravS naturellementchoses sont rSduits h une plus grande indigence ; au dans leur coeur, et il n'y a que la cupiditfi qui lescoQtraire celui-la en a besoin de beaucoup moins qui fasse 6garer dans sa recherche. La Sagesse parcourtmesure son abondance par la nScessitfe de la nature, ensuite les diff^rentes opiuions ou plutSt les erreurset non pas suivant les d^sirs de la cupiditS. Comment des anciens philosophes toucbant la bSatitude, et ellepouvez-vous dooc croire devenir heureux par la possessioncontinue de faire voir le neant de toutes les cr^aturesdes choses d'ici-ba9?dans lesquelles ils l'ont fait consisler ; le vide qui s'yVous qui resseniblez a Dieu par votre Sme imraortelle,trouve, la faiblesse, rimpuissance, jusque dans laquelle injure ne faites-vous pas a votre Cr6a-souverainetfi mSme, qui n'en est pas exempte,puisqu'elleseule ne suffit pas, et que pour la soutenir, ladefendre et la conserver, les rois sur leurs trdnes ontplus de besoin des secours etrangers que daus touteautre condition oil rhomme se trouve. Elle dfiveloppeensuite le neant et la vanitfe qu'il y a dans la gloireDet dans la reputation. Quelques-uns Tont acquise, ditelle,par la fausse opinion du public et sans la mSriter.Quaudm^me elle 9erait fondSe sur un veritable mSrite,jufqu'oii s'6!,endrait-elle ? Daos un poiot du monde,dans une province,dan3 un royaume, ef ily aura millemilie eodroits dans le reste de la terre ou oethommequi en est Tesclave sera inconnu. Sa durSe ne peutpas 6tre plus 6tendue que le temps (70) qui flnira etsera toujours trfes court. Elle fait voir les suites funestesdes plaisirs du corps, les soins, les inquietudesinseparables de ceux memes qu'on appelle honneteaet permis. La volupte, dit-el!e, a son aiguillou commerabeille, qu'elle laisse toujours a celui qu'elle chatouille.Ubi grata mella fudit,Ferit icta corda morsuElle dfecouvre ensuite les causes de rillusion deshommes dans la recherche de la beatitude, et pourfaire connaltre a son disciple en quoi consiste la v6-