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t. II (PL 64)

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152SBOET<strong>II</strong> VJT^ ET OPP. DESCRIPTIO GALLICE ADORNATA.le monde est gouvernfe. Croyez-vous, lui dit-elle, que ^toui ce qui se fait dans le monde, se fasse au husard ettimirairement, et qu'il n'y ait pas une souveraine raisonqui le gouverne? }'ea suis persuadi, lui r6pondBoece, et je sais que Dieu, qui Va. fait, conserve sonouvrage, qu'il rfegle et couduit tout ce qui 6'y faitje n'en ai jamais dout6 iin moment. Je craignais, vipondla Sagesse, que vous n'eussiez oublii ceite veriti siimportante, quand je vov.i ai entendu dire qu'il n'yavait que les hommes qui ne se sentuient poinl des soinsde la Providence ; mais, puisque vous m'avouez te contraire,comment pouvez-vous itre affligi au point quevous le paraissez 1 Vous savez qu'il n'arrive rien quepar 1'ordre de Dieu, qu'il conduit ce monde, que touteschoses imanenl de tui, et en coulent comme de leursource. Tombant d'accord (bl) de ce principe, pouvezvousen nier les consequences ? Puisque vous savez queDieu est le principe et la fin de toutes choses, et quevous en ites persuade, il ne sera pas difficile de vousremettre dans la voie. La passion vous avait agiti, ellegavait rempti votre esprit de nuages qui vous ont faitigarer du droit chemin que vous suiviez.Si vous voulez y renlrer, calmez ces passions, fuyezjoie, bannissez fesperayice et ta crainte, la douleurlaeessera bientdt : oii ces passions regnent, 1'esprit esttoufours dans le trouble et dans fagitation; mais lapaix y succidera lorsqu'elles en seront iloignees.Gaudia pelle,Pelle timorem,Spemque fugato,Ne dolor adsitNubila mena est,Vinctaque frenis,Haec ubi regnant.(Lib. I, metr. 7).Dedxiekk mvre. — T ous voits plaignez de la fortune,comme s'il vous itait arrivi quelque chose de nouveauqui n'eut pas coutume d'arrivcr d tous les hommes,continue la Sagesse ; et vous vous trompez si vous Qcroyez qu'elte a changi C58) h votre igard; sa natureest d'etre changeante, et elle fait voir, par ce qui vientde vovs arriver, que dans son inconstance eile est toujoursla mime. Hier, lorsqu'elle vous riait davantogeelle etait ce qu'elte est aujourd'hui ; etle vous flattaitalors de 1'idie d'une fausse filiciti, et vous ne la voyiezque d'un cdti, et etle se cache encore d bien d'autres;mois rlepuis elle s'est montrie d vous ii dicouvert. Sivous la regardez comme une perfide, miprisez celle quise joue de vous, el qui se pique d'itre infidete : ce quifait maintenant le sufet de votre offliction devrait donc^tre la cause de la tranquiiliti de votre dme ; cette fortunedont personne ne peut jamais s'assurer, vous aabandonni ; potivez-vous vous persuader que votre bonheurs'en soit alli avec eile? la prudence devait vousdicouvrir quelle itait sa 7iature, pour vous melire enitat de n'aroir ni d craindre ses disgrdces, ?ii d regretterses earesses. Vous vous ites livre ii la fortune, ilfaut vous soumettre b, crlle que vous avez choisie pour nvotre mailresse, c'esl ainsi qu'on en use : lorsqu'on s'eslembarqui sur la mer, on (S9) s'abondonne au gri desvents et des flots, La conduite du laboureur est la mimequand il jette la semence dans la terre, il attend desbonnes annies le didommagement des mauvsises.Mais si vous vouliez a votre tour icouter les plaintesque la fortune ourait h vous faire, ne pourrait-elle pasavec juslice se plaindre de votre ingratitude / Quelleinjure vous ai-je fait, dirait elle ? de quel bien vous aijedipouilli ? Apres vous avoir regu tout nu du sein devotre mere, ne me suis-je pas epuisie en votre taveur ?Mes richesses, mon criiHt, tout a eti employipour votreagrandissement : ne m'est-il pas tibre a prisent de retirerma main, et ne divriez-vous pas me rendre grdcesde vous avoir pr^ti si longtemps ce qui ne vcus appartenaitpas ? Les biens, les honneurs, et ce qu'il y a danslemonde de cette naiure, sont ci moi ; s'ils avaient itiii vous, vous les onriez apportis en venant nu monde.et vous ne les auriez pas perdu. Quoi donc ! il sera1526permis au ciel d'ilre changeant, de faire suceider auxplus beaux Jours des jours sombres et nibuleux ; d Vanniede couvrir la terre (60) de fleurs et de 1'orner deses fruits, ensuite de l'en dipouiller, et ia couvrir deneiges et de frinias ; a la mer d'itre calme, et un momentapris d'exciter ses tempites ; et finsatiable cupiditedes mortels voudra m'imposer une loi si contrairea ma naiure! Mon devoir n'est-il pas de jouer diffirentspersonnages dans ce monde, de tourner continuellementcette roue sur laquel/e je suis appuyie, etde mettre iiu plus bas ce qu'il y a de plus elevi, et d'iteveren un instant ce qu'il y a de plus hasl Montez sivotis voulez avec moi, mais ioujours d condition de descendrequand it me plaira, et ne croyez piis que je vousfasse jamais injusiice quand je vojts ferai descendreavec moi.La Sttsesse reprfisente ensuite h. tous lesson 6l6veavantages qu'il avait eus dans le monde ;cette 6ducationsi noblej si heureuse qu'on lui avait donnSe;la protection des personnes les plus puissantes derElat qui ravaient choisi pour leur ami, et dansralliance desquelles 6tait entrfe ces honneurs extraordiuairesil ;qu'ou lui avait toujours rendus, la gloireaveo laquelle il avait vecu, Testime, le (61) respect detous les geus de bien qu'il s'etait acquis, Tavantagequ'aucun particulier n'avait jamais eu avant lui devoir en un mfime jour ses deux fils nomm^s consuls,;presque dans leur enfance oelui d'avoir Symmaque,sou beau-p6re, encore vivant ; Rusticienne,son 6pouse, cette femme si vertueuse ;des enfantssi accomplis, tous occupiSs de ses malheurs et de sesdisgraces. Comparez tout cela, lui dit-elle, avec ceque vous pr^tendez souffrir de la part de la fortune,et vous verrez que vous avez plus de sujet de la remercierque de vous en plaindre. N'auriez-vous paspu mourir en un instant, et alors serait-ce ia fortunequi vous aurait quitte, ou si ce serait vous-mfime quiauriez quittfe la fortune? Fiez-vous donc, si vousvoulez, a ces biebs passagers qui fuient continuellementdevaut vous coaime une ombre ;mais n'oublieziamais qu'il y a une loi 6ternelle et immuable, quiordoune que tout ce qui est cre6 soit sujet a l'inconstance.Bssuyez donc vos larmes, puisque la fortunevous a conserv^ eucore plus de bieu qu'elle ne vouBen a eulev6. Pour le confirmer dans cette pens6e, laSa^esse fait paseer en (62) revue devant lui loutesles^diffArentes couditions des hommes, oii il ne s'entrouve pas un seul parfaitement heureux et a qui aucoutraire il ne manque beaucoup de choses pour sonbouheur. Celui-la, dit-elle, a les richesses et regorgedebieus, mais sa naissance est obscure ;celui-ci estd'une condition plus relevSe, mais il u'a pas de quoila Eoutenir ; il est si malheureux qu'il a honte de semontrer; en voici qui ont fun et I'autre, mais ilsu'out point d'b(5ritiers. Ceux-Ia sont avantageusementmari^s, ils out de grands biens, mais ils ne saventpas en user, ils epargnent pour laisser i un fetrangeruue succession opulente. D'autres ont des enfauts,mais c'est pour leur malheur : le dSr^glement, lesd(5bauches de ces enfanls les couvrentde confusion, etils sont pour leurs ptires un sujet continuel de larmeset de tristesse. Gombien y en a-t-il qui se croiraienttrfes heureuxs'ilsavaient le moindre des avautagos quivous restentl Ce lieu m«me que vous regardez commevotre exil n'est-il pas la patrie de seshabitauts ? Croyezmoi,on n'est malheureux qu'autaDt qu'on croit rStre,(63) et qu'on se le reud soi-m^me: au contraire, rienn'est plus heureux que le sage, quoiqu'il souffre,parce qu'il recoit tout bvec 6ga(ite et une parfaitetranquillite d'esprit. De tout ce que je viens de vousdire tirez cette juste et nfecessaire cous6quence, queles douceurs de la felicite humaine soat toujoursm6l6esd'amftrtunies, et que la bfealitude d'ici-bas csttoujours accompaguie de miseres, et par cousequentfausse et mfiprisable, puisqu'on n'y trouve aucunestabilite. Pourquoi donc, mortels, cherchcz-vous lebonheur hors de vous-m6mes? Cest une erreur an-

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