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les deux jeunes filles lettrées - Chine ancienne

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Les <strong>deux</strong> <strong>jeunes</strong> fil<strong>les</strong> <strong>lettrées</strong><br />

Son nom de famille était Ling, et son petit nom Sîn ; c’était le plus riche<br />

fermier de son village ; il avait eu trois fils qui ne connaissaient pas un<br />

seul caractère, et qui n’étaient bons qu’à cultiver <strong>les</strong> champs. Mais à<br />

quarante ans passés, il eut une fille qui était belle comme <strong>les</strong> fleurs et<br />

le jade ; ses sourcils ressemblaient au dessin d’une montagne lointaine<br />

et sa peau avait la blancheur de la neige. Elle était d’une beauté<br />

extraordinaire. Il n’y avait encore là rien de merveilleux ; mais ce qui<br />

l’était au plus haut degré, c’est qu’elle était née avec la plus rare<br />

intelligence et l’esprit le plus ingénieux. Dès qu’elle avait vu un livre, un<br />

ouvrage d’histoire, des pinceaux et de l’encre, elle y mettait tout son<br />

bonheur 177 . A l’âge de trois ou quatre ans, il la prenait dans ses bras et<br />

la portait, pour l’amuser, à l’école du village. Sitôt qu’elle avait entendu<br />

lire un livre, elle retenait p.165 tout, de point en point, dans sa mémoire.<br />

A l’âge de six à sept ans, elle était capable de tout lire. Quoique Ling, le<br />

richard, ne fût qu’un villageois et un simple cultivateur, voyant sa fille si<br />

intelligente, il lui achetait toutes sortes de livres et d’histoires et <strong>les</strong> lui<br />

donnait à lire. Il était heureux de penser que son oncle maternel,<br />

nommé Tching, était un siéou-thsaï (un bachelier). Celui-ci ayant<br />

remarqué que sa nièce aimait à s’instruire, il venait assidûment lui<br />

expliquer <strong>les</strong> auteurs. Quand il arrivait à expliquer un passage<br />

admirable, l’oncle lui-même se voyait ordinairement poussé à bout par<br />

sa nièce. « Quel malheur, se disait-il en soupirant, que cette jeune fille<br />

soit née dans la maison de Ling ! » Son père disait habituellement qu’à<br />

l’époque de sa naissance, il avait vu en songe une pluie de neige rouge<br />

qui tombait dans tout le salon. De là vint qu’elle se donna elle-même le<br />

nom de Kiang-sioué (neige rouge). A l’âge de huit ou neuf ans, il lui<br />

suffisait d’abaisser son pinceau pour composer du wén-tchang (prose<br />

élégante), et d’ouvrir la bouche pour faire des vers. Mais, par malheur,<br />

comme c’était une fille de village, elle n’était connue de personne, de<br />

sorte qu’ordinairement elle était toute seule pour goûter et apprécier<br />

ses propres compositions. A l’époque où nous sommes, elle avait déjà<br />

douze ans accomplis. Sa beauté extraordinaire était comparable à celle<br />

des eaux d’automne. Aussi Ling-sîn, le richard, songeait-il déjà à lui<br />

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