les deux jeunes filles lettrées - Chine ancienne

Les deux jeunes filles lettrées
CHAPITRE XVIII
UNE JOLIE PERSONNE FAIT BARBOUILLER LE
VISAGE D’UN SOT NOBLE
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Pendant que Tchang-în se trouvait au bas du pavillon et
subissait l’examen de poésie, il entendit en haut de joyeux éclats de
rire et se figura que mademoiselle Chân était charmée de ses vers.
S’armant alors d’audace, il monta tout droit au haut du pavillon et entra
brusquement. En ce moment, un grand nombre de servantes, voyant
mademoiselle Chân et Ling-kiang-sioué, qui s’amusaient à rire de
Tchang-în, se tenaient près d’elles et les regardaient. Comme personne
ne gardait la porte du pavillon, Tchang-în avait profité de cette
circonstance pour monter et y pénétrer. Mademoiselle Chân leva tout à
coup la tête, et l’ayant aperçu, elle entra dans une violente colère.
— Quel est cet homme qui a osé monter ici ? s’écria-t-elle.
Tchang-în, qui s’était déjà approché d’elle, la regarda en face et lui
fit un profond salut.
— Mademoiselle, lui dit-il, votre serviteur Tchang-în, voyant que
vous p.555 daigniez louer ses médiocres compositions, est monté
exprès pour vous en remercier.
Les servantes, voyant Tchang-în qui était arrivé subitement en face
de leur maîtresse, furent remplies de crainte et d’émotion. Les unes se
mirent à l’arrêter, les autres à le cacher derrière elles ; celles-ci à le
pousser, celles-là à le tirailler.
— Quelle audace ! s’écrièrent-elles d’une voix tumultueuse : où
croyez-vous être pour entrer ainsi brusquement ?
— Je ne suis point venu de moi-même, répondit-il ; c’est votre
maître, Son Excellence le premier ministre, qui a donné des
ordres pour me conduire ici.
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