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les deux jeunes filles lettrées - Chine ancienne

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Les <strong>deux</strong> <strong>jeunes</strong> fil<strong>les</strong> <strong>lettrées</strong><br />

— Mon père, dit Ling-kiang-sioué en souriant, qu’avez-vous<br />

besoin de vous affliger ainsi ? Ce n’est pas que votre fille veuille<br />

se vanter devant vous ; mais puisqu’elle possède tant de talent<br />

et d’instruction, soyez sûr que, même en présence de l’empereur,<br />

elle ne se laisserait pas traiter avec dédain. Quel est le ministre<br />

qui serait assez osé pour vouloir faire de moi une servante ou<br />

une concubine ?<br />

— Ma fille, reprit Ling-sîn, une telle jactance est fort déplacée. Le<br />

proverbe dit avec raison : « Le fer craint de tomber dans le<br />

fourneau, l’homme craint de tomber dans le panneau. » Depuis<br />

l’antiquité, <strong>les</strong> grands héros et <strong>les</strong> sages illustres qui sont tombés<br />

dans le malheur ont tous subi le joug des autres. A plus forte<br />

raison (es-tu menacée du même sort) toi, qui n’es qu’une p.208<br />

petite fille de douze ans ! Une fois arrivée dans l’hôtel du<br />

ministre et dans l’appartement des femmes, quand tu aurais<br />

assez de talent pour ouvrir le ciel, il serait à craindre que tu ne<br />

pusses t’échapper.<br />

— Quiconque ne peut s’échapper d’un pas dangereux, reprit sa<br />

fille, ne peut être compté pour un héros ni pour un brave.<br />

Tranquillisez-vous, mon père, et essayez un peu de me voir à<br />

l’œuvre ; je vous jure que je ne déshonorerai pas ma famille.<br />

— Ma fille, reprit Ling-sîn, tu aurais beau jurer que tu<br />

n’échoueras pas une fois sur dix mille, dis-moi un peu comment<br />

mon cœur pourrait se tranquilliser ?<br />

— Mon père, répondit Ling-kiang-sioué, si votre cœur se<br />

tourmente, priez mon oncle de me conduire à la capitale et vous<br />

reconnaîtrez que je dis vrai.<br />

— Depuis que ta mère n’est plus, tu ne m’as pas quitté 210 un<br />

seul instant. Mais maintenant, une fois que tu seras partie, peux-<br />

tu dire quel jour je pourrai te revoir ?<br />

— Une fois partie, dit Ling-kiang-sioué, dans dix ans au plus et<br />

dans cinq ans au moins, je reviendrai certainement dans notre<br />

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