les deux jeunes filles lettrées - Chine ancienne

Les deux jeunes filles lettrées
— Puisque tous les coupables sont réunis, dit l’empereur, qu’on
amène d’abord devant moi Tchao-tsong et Tsiên-hong.
Le tribunal des rites obéit, et aussitôt le chef de la police amena
Yên-pé-hân et P’ing-jou-heng au bas du vestibule rouge, et leur
ordonna de se prosterner la face contre terre.
L’empereur ayant ordonné de les faire monter jusqu’à lui, ils se
rendirent devant le trône en s’appuyant sur leurs mains et sur leurs
genoux.
Dès que l’empereur eut abaissé ses yeux sur eux, il vit que c’étaient
deux jeunes gens dans la fleur de l’âge et doués d’une figure distinguée,
qui portaient la cangue et avaient des fers aux pieds et aux mains. Il
ordonna qu’on les leur ôtât et les interrogea lui-même.
— Quel est Tchao-tsong ? demanda-t-il.
— C’est moi, votre sujet, répondit Yên-pé-hân.
— Quel est Tsiên-hong ?
— C’est moi, votre sujet, répondit P’ing-jou-heng.
— Chân-taï, reprit l’empereur, à qui j’avais conféré le titre de fille
de talent, éminente en littérature, est la fille d’un ministre d’État.
Comment avez-vous osé tous deux la solliciter au vice par des
paroles licencieuses ?
— Sire, répondit Yên-pé-hân, depuis que Votre Majesté a comblé
Chân-taï de bienfaits et de marques d’amitié, qu’elle lui a conféré
le titre de fille de talent, et l’a p.621 chargée de mesurer le talent,
les plus hauts personnages de la cour sont venus lui demander
des pièces de poésie, et la plupart des lettrés de l’empire sont
venus pour comparer leur talent avec le sien. Tchang-în, le fils de
Tchang, membre du ministère de la magistrature, est venu aussi
pour tenter l’épreuve. Nous ne sommes donc pas les seuls qui
soyons venus concourir avec elle ; dira-t-on que c’était pour la
séduire ? Si l’on nous en accusait, les vers que nous avons
composés dans le premier concours sont encore sous les yeux de
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