les deux jeunes filles lettrées - Chine ancienne

Les deux jeunes filles lettrées
spécial, un jeune homme appelé Yên-pé-hân ; c’est aussi un
habitant de Song-kiang. Dites-moi, mon sage ami, si vous le
connaissez.
— Ce Yên-pé-hân, répondit Tchang-în, porte le titre de Tsé-héou
(le comte de Tsé) ; il est de notre district de Hoa-ting. Depuis
son enfance, il a étudié avec moi sous le même maître ; c’est
mon ami intime. Dans chaque concours, il obtenait tantôt le
premier, tantôt le second rang ; il est de la même force que moi.
Pour du talent, il en a quelque peu, seulement il est d’un
caractère extravagant, et lorsqu’il parle, il a l’habitude de
critiquer et de dénigrer ses supérieurs. Ce travers lui a attiré le
mépris des gens de son pays. Suivant ce que dit ordinairement
mon père, comme il a été recommandé d’une manière spéciale
par le président du concours, et que Sa Majesté a daigné le
mander à la cour, il aurait dit venir sans délai 557 . Mais on ne sait
de quel côté il est allé porter ses pas vagabonds, et il est
impossible de retrouver sa p.543 trace. Par là, il s’est montré
ingrat envers l’empereur : peut-on dire que c’est un homme qui
ira loin ?
— Ainsi donc, reprit Chân-hiên-jîn, ce M. Yên est si étourdi et si
extravagant ! Quoiqu’il ait du talent, il me paraît indigne d’estime.
Ils n’avaient pas encore fini de causer, lorsqu’on vit arriver un
domestique qui alla chuchoter quelques mots à l’oreille de Chân-hiên-
jîn.
— Ma fille, dit-il aussitôt à Tchang-în, a vu vos élégantes
compositions et les a louées avec chaleur ; mais comme il y a
certains points qu’elle ne comprend pas bien, je vous prie, mon
sage ami, de vous rendre au pavillon du pied de jade pour lui
donner quelques explications. J’ignore, mon sage ami, si vous
daignerez y consentir.
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