les deux jeunes filles lettrées - Chine ancienne

Les deux jeunes filles lettrées
seigneur Chân était entré dans l’intérieur et n’en était pas encore
revenu.
p.527
— Messieurs, dirent les domestiques, veuillez vous asseoir un
instant, en attendant que nous allions avertir Son Excellence.
Yên-pé-hân, voyant que le seigneur Chân n’était pas dans le
salon, eut un désir extrême de s’esquiver.
— Allons-nous-en, dit-il, il est inutile qu’on nous annonce.
— Si nous ne vous annonçons pas à Son Excellence, reprirent les
domestiques, lorsqu’elle aura appris votre départ, il est à
craindre qu’elle ne nous gronde.
— Nous n’étions pas venus pour saluer Son Excellence votre
maître, répliqua P’ing-jou-heng ; notre seul but était de
composer avec mademoiselle Chân pour juger de son talent.
Maintenant l’épreuve est terminée, et nos vers sont restés dans
l’intérieur. Qu’ils soient bons ou mauvais, c’est ce que Son
Excellence et mademoiselle pourront décider à loisir : qu’avez-
vous besoin de nous retenir pour que nous voyions Son
Excellence ?
— Puisque vos seigneuries ne veulent point voir Son Excellence,
répondirent les domestiques, nous aurions mauvaise grâce à
vous retenir de force ; veuillez seulement nous dire où est situé
votre honorable hôtel. Si les vers que vous avez laissés dans
l’intérieur ont été trouvés bons, qui sait si nous ne viendrons pas
vous apporter une invitation ?
— Cette observation est juste, dit P’ing-jou-heng ; nous
demeurons tous deux…
Au moment où il allait dire : « Près du pont de la rivière de jade, »
Yên-pé-hân lui coupa la parole et dit :
— Nous demeurons ensemble chez le comte de Ho-liu, près la
rivière P’ao-tseu.
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