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les deux jeunes filles lettrées - Chine ancienne

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Les <strong>deux</strong> <strong>jeunes</strong> fil<strong>les</strong> <strong>lettrées</strong><br />

laissa apercevoir une jeune fille. Elle avait des sourcils si délicats,<br />

des yeux si brillants, un teint si frais et des traits si purs qu’il<br />

serait impossible de la peindre ; j’imagine que la belle Si-chi,<br />

surnommée Mao-tsiang 439 , ne pouvait l’emporter sur elle.<br />

Lorsque cette jeune fille m’eut aperçu, elle ne se retira pas<br />

beaucoup. Mais au moment où je voulais me rassasier de sa vue,<br />

<strong>deux</strong> de ses servantes me poursuivirent avec colère et me<br />

chassèrent du jardin. Ainsi expulsé par el<strong>les</strong>, et ne sachant<br />

comment lui faire connaître mes sentiments, j’écrivis un quatrain<br />

en grands caractères sur p.438 le mur de la porte du jardin. J’allais<br />

y ajouter une inscription pour lui communiquer mon nom de<br />

famille et mon petit nom, mais tout à coup, lorsque j’avais fini<br />

d’écrire <strong>les</strong> vers et que je n’avais pas encore mis l’inscription, je<br />

fus aperçu par un scélérat de domestique qui prétendit que je<br />

salissais le mur de la maison de son maître ; il m’accabla<br />

d’injures et, rentrant précipitamment, il appela du monde pour<br />

me faire arrêter. J’imagine qu’un pareil jardin doit appartenir à<br />

quelque puissant personnage. Comment un pauvre lettré, d’un<br />

pays lointain, aurait-il pu leur tenir tête ? Je me vis donc obligé<br />

de m’en retourner à pas précipités. Quoique j’aie éprouvé une<br />

vive alarme, j’ai rencontré du moins une beauté si remarquable<br />

que jusqu’ici je n’avais rien vu de pareil, et qui doit l’emporter de<br />

beaucoup sur celle dont vous êtes épris.<br />

— Monsieur, repartit P’ing-jou-heng en riant, vous ne savez que<br />

parler des bel<strong>les</strong> personnes, et vous ne savez pas que <strong>les</strong><br />

beautés que vantent tous <strong>les</strong> âges pâlissent devant <strong>les</strong> talents<br />

qui vivent pendant mille générations. Quand une femme a des<br />

sourcils délicats et des yeux brillants, on peut sans doute<br />

l’appeler belle ; mais si elle n’a point de talent pour mettre au<br />

jour des idées merveilleuses, on peut tout au plus la comparer à<br />

une fleur, à un saule, à un loriot, à une hirondelle, à une perle ou<br />

au jade. Ces objets ont beau plaire aux hommes, ce n’est que<br />

pour un temps. Bientôt la fleur se fane, le saule se dessèche, le<br />

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