les deux jeunes filles lettrées - Chine ancienne

Les deux jeunes filles lettrées
— Depuis deux jours, répondit Pou-hoeï, sa fille s’étant trouvée
indisposée, il a appelé un médecin pour la soigner, et comme il
n’avait pas le cœur gai, il n’a pu se décider à venir.
— Peut-on savoir, demanda Yên-pé-hân, quelle est la maladie de
sa fille ?
— C’est ce que j’ignore, répondit Pou-hoeï.
Comme le religieux achevait ces mots, le jeune novice apporta le
thé. Après quoi, Pou-hoeï les interrogea.
— Messieurs, leur dit-il, j’imagine que vous vous informez de Son
Excellence Chân parce que c’est un ancien ami ou une vieille
connaissance, et que vous voulez lui rendre visite.
— p.475 Ni l’un ni l’autre, répondit P’ing-jou-heng. Ayant appris
que sa fille avait obtenu par son rare talent, la bienveillance et
l’estime de l’empereur, et ne sachant si le fait est vrai ou non,
nous sommes venus pour la mettre à l’épreuve. Le malheur a
voulu que nous arrivions ici dans un moment où elle est malade.
Nous pensons qu’elle ne sort point pour recevoir des visites. Par
conséquent, il est inutile que nous allions la voir.
— D’après ce que vous dites, reprit Pou-hoeï, vous vous estimez
malheureux de ne pouvoir la trouver, mais, suivant mon humble
opinion, il est fort heureux pour vous que sa maladie vous
empêche de la voir.
— Pourquoi dites-vous, demanda Yên-pé-hân, que c’est un
bonheur pour nous de ne point la rencontrer ?
— C’est qu’en ne la trouvant pas, dit Pou-hoeï, vous vous
épargnez beaucoup de désagréments ; n’ai-je pas raison de dire
que vous avez du bonheur ?
— Si nous la rencontrions, dit Yên-pé-hân, quels désagréments
pourrions-nous éprouver ?
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