les deux jeunes filles lettrées - Chine ancienne

Les deux jeunes filles lettrées
A ces mots, il remit l’éventail à Yên-pé-hân.
— Comme je sais votre adresse, dit celui-ci en le recevant, je
n’aurai pas de peine à vous chercher. Retournez -vous-en, et
présentez mes respects à votre jeune maîtresse. Dites-lui que
l’étudiant qui a écrit des vers sur le mur du jardin est ravi de
l’affection qu’elle daigne lui montrer, et qu’après le concours, il
viendra sans faute se présenter à sa porte et lui témoigner sa
reconnaissance.
— Monsieur, reprit le vieux serviteur, je vais faire votre
commission ; seulement une fois le concours terminé, gardez -
vous, pour rien au monde, de manquer à vos engagements.
— Lorsque je la cherchais, répondit Yên-pé-hân, je craignais
encore de ne point la trouver ; maintenant que p.613 je l’ai
trouvée, comment oserais-je manquer à mes engagements ?
Après maintes recommandations de part et d’autre, le vieux
serviteur s’en retourna, et alla rapporter tous ces détails à sa maîtresse.
Or, P’ing-jou-heng, qui se tenait à côté de son ami, ne put voir ce
dénoûment sans se sentir transporté de joie.
— La découverte que j’ai faite de Ling-kiang-sioué, lui dit-il, a
dépassé toutes mes espérances. Qui aurait prévu que, sans y
songer, vous obtiendriez des nouvelles de la jeune beauté que
vous aviez vue au haut du pavillon ? En vérité c’est une chose
ravissante !
— Monsieur, lui dit Yên-pé-hân, pour ce qui regarde votre Ling-
kiang-sioué, les présents de noces sont déjà donnés, de sorte
que votre mariage est parfaitement sûr. Mais moi, quoique j’aie
eu le bonheur d’obtenir ces nouvelles, je trouve cette affaire
aussi peu réelle que des fleurs reflétées dans un miroir, ou que la
lune qui brille à la surface des eaux. J’ignore ce qu’il en sera.
— Puisque votre jeune beauté, dit P’ing-jou-heng, vous a fait
chercher au moyen des vers que vous avez composés, il est
489