les deux jeunes filles lettrées - Chine ancienne

Les deux jeunes filles lettrées
vendre dans les marchés les plus populeux. S’il se trouve un
étudiant qui témoigne sa surprise en voyant les vers qui y sont
écrits, vous lui demanderez son nom et son adresse et vous
viendrez m’en informer ; mais s’il vous demande mon nom, vous
vous garderez bien de le révéler. Vous vous contenterez de
répondre que je suis une jeune fille de la famille impériale, qui le
cherche pour l’épouser. Si vous réussissez à le découvrir je vous
récompenserai généreusement. Vous ferez attention de n’en rien
dire devant Son Excellence 617 .
Le vieux domestique partit avec ses instructions.
Or, Yên-pé-hân et P’ing-jou-heng passèrent l’année à voyager tout à
leur aise. Dés que le printemps fut venu, ils entrèrent secrètement dans
la capitale, cherchèrent une maison calme et retirée et s’y établirent.
Chaque jour, fermant leur porte, ils se livraient à l’étude avec ardeur ;
ils s’abstenaient de sortir, et n’osaient faire p.607 aucune visite. Mais dès
que Yên-pé-hân et P’ing-jou-heng eurent obtenu le grade de licencié, et
que cette nouvelle eut été publiée dans la capitale, non seulement
Wang, le président du concours, et Son Excellence Chân en furent ravis,
mais l’empereur lui-même laissa éclater la joie sur sa figure
majestueuse 618 . Il fit alors appeler Wang, et lui adressa ainsi ses
ordres :
— Yên-pé-hân et P’ing-jou-heng ayant obtenu les premiers rangs
au concours de licence, je reconnais que le rapport où vous me
les avez présentés n’était point trompeur. S’ils ont refusé d’obéir
à mon appel afin de se rendre au concours, on peut dire que ce
n’était pas sans raison.
L’empereur lui donna alors une pièce de soie brodée pour montrer
avec éclat qu’il avait su lui présenter des hommes de mérite. Il ajouta :
— Dès que ces deux jeunes gens seront arrivés à la capitale,
vous aurez soin de les amener de suite et de me les présenter.
Wang remercia l’empereur de ce bienfait, et se retira. Chaque jour, il
épiait leur arrivée dans la capitale.
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