les deux jeunes filles lettrées - Chine ancienne

Les deux jeunes filles lettrées
pas monter brusquement dans le pavillon pour chercher à lui
faire la cour.
— Moi qui descends d’un premier ministre, dit Tchang-în, après
que j’ai essuyé sans raison ses outrages, croyez -vous que je vais
en rester là ? Il faut que j’en instruise mon père, et que je
présente à l’empereur un rapport où je dirai que, fière de la
faveur dont l’honore Sa Majesté, elle outrage les fils des plus
hauts fonctionnaires de l’État.
— Si vous dites, reprit Song-sîn, qu’elle vous a insulté, elle
adressera aussitôt un rapport où elle vous accusera de lui avoir
fait des propositions coupables, et lorsque plus tard une enquête
aura fait découvrir la p.568 vérité, c’est vous, au bout du compte,
qui serez la victime. Comment pourrez-vous la renverser ?
— Si je ne la fais pas châtier d’importance, comment pourrai-je
décharger ma colère sur elle ?
— Si vous ne pouvez en venir à bout, lui dit Song-sîn, j’ai trouvé
un excellent moyen pour la faire punir.
— Quel est cet excellent moyen ? lui demanda vivement Tchang-
în ; je vous prie en grâce de m’en instruire.
— Tout à l’heure, répondit Song-sîn, comme j’étais assis dans
le couvent de Tsié-în en vous attendant, j’ai vu sur un mur des
vers composés par Tchao-tsong et Tsiên-hong. Pour peu qu’on
en examine les sentiments et les idées, on n’y voit que l’éloge de
Chân-taï et leur amour pour elle. J’interrogeai à ce sujet le
religieux de ce couvent. Il me répondit que ces deux messieurs
avaient concouru avec mademoiselle Chân. Je lui demandai sur
quoi elle les avait examinés. Ce moine, qui est un homme de
goût, avait copié de sa main tous les vers qu’ils avaient
composés dans ce concours. En ayant obtenu la communication,
je les ai transcrits en cachette et les ai apportés. Ces deux
messieurs sont précisément ceux que, ces jours derniers, Son
Excellence Chân fit demander, par erreur, dans la maison que
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