les deux jeunes filles lettrées - Chine ancienne

Les deux jeunes filles lettrées
P’ing-jou-heng ayant entendu toutes ces raisons, perdit la moitié du
courage et de l’ardeur dont il était rempli.
— Ce n’est point que je sois impatient, répondit-il, seulement,
comme Son Excellence le premier ministre a daigné me
promettre que mademoiselle m’examinerait, si elle ne vient pas
elle-même, avec qui pourrai-je concourir ?
— Si je suis venue vous recevoir, répondit la jeune fille, c’était
justement pour suppléer mademoiselle.
— Lorsqu’on compose ensemble, reprit P’ing-jou-heng en riant, il
faut faire des vers ou de la prose élégante. Vous qui n’êtes
qu’une simple servante remplissant l’office de secrétaire,
comment pourriez vous suppléer votre maîtresse ?
— Monsieur, dit la jeune fille, veuillez seulement me mettre une
fois à l’épreuve ; vous me jugerez après.
— Il n’est pas besoin de vous mettre à l’épreuve, dit P’ing-jou-
heng, le mieux serait de prier mademoiselle de venir elle même.
— Mademoiselle, répondit la jeune fille, a trois classes de
secrétaires, comprenant ensemble douze servantes, qui sont
rangées par ordre. Je suis de la dernière classe. Si je ne puis
vous vaincre dans ce concours, il en viendra une de la seconde
classe ; si celle-ci ne peut vous terrasser, elle sera remplacée par
une autre de la première classe. Enfin, si celle de la première
classe ne réussit pas p.516 davantage à vous mettre hors de
combat, on vous priera alors de monter au pavillon du pied de
jade et de vous présenter devant mademoiselle. Si vous vouliez
la voir dans ce moment, ce serait encore trop de bonne heure.
« Voilà bien des tracas, dit en lui-même P’ing-jou-heng, mais je ne
m’en inquiète guère. Je n’ai pas besoin de faire plus d’une ou deux
pièces de vers.
— Eh bien ! soit, dit-il, je veux bien composer d’abord avec vous.
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