les deux jeunes filles lettrées - Chine ancienne

Les deux jeunes filles lettrées
— Toutes ces raisons sont inutiles, reprit Ling-kiang-sioué ; un
docteur ou un préfet pourraient-ils l’emporter sur notre auguste
empereur ?
A ces mots, Ling-ta-hou garda le silence, et, fronçant le sourcil, il
laissa échapper de longs soupirs. Il n’osa pas même boire une goutte
de vin.
Chân-hiên-jîn, voyant sa douleur :
— Cher monsieur 654 , p.647 lui dit-il, qu’avez-vous besoin de vous
affliger ? Heureusement que le jeune homme à qui l’empereur
veut donner une épouse est déjà fiancé avec une autre. Demain
matin, il faut vous présenter devant l’empereur et lui demander
la permission de refuser. S’il approuve votre refus, ce sera, pour
les deux parties, un grand sujet de joie. Mais je vous
demanderai, mon cher monsieur, quel est celui dont vous avez
reçu les présents ?
— Votre serviteur, répondit Ling, n’aurait pas osé prendre cela
sur lui, mais il n’a pu résister aux paroles captieuses du préfet
Téou. Il me dit que c’était un homme de talent qui jouissait d’une
brillante réputation, qu’au concours de licence il venait d’obtenir
le titre de Ya-koueï 655 ; qu’en allant concourir, à la capitale, pour
le doctorat, s’il n’était pas nommé Hoeï-youên 656 , il arriverait
infailliblement au rang de Tchoang-youên 657 . Il m’en dit tant,
que, séduit par ses belles paroles, j’acceptai les présents de
noces.
— S’il vient d’obtenir le grade de docteur, reprit Chân-hiên-jîn, il
est évident que le préfet ne vous a point trompé.
— En effet, dit Ling-ta-hou, il a obtenu le premier rang parmi les
docteurs, et, de plus, au concours qui a eu lieu dans le palais, il a
reçu le titre de Thân-hoa 658 . Mais p.648 bien que le préfet ne m’ait
point trompé, tous ses artifices ont fait échouer mon projet, de
sorte que maintenant je ne sais plus quel parti prendre.
A ces mots, Chân-hiên-jîn éprouva une vive émotion.
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