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les deux jeunes filles lettrées - Chine ancienne

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Les <strong>deux</strong> <strong>jeunes</strong> fil<strong>les</strong> <strong>lettrées</strong><br />

C’était un homme d’une rare capacité, et, quand <strong>les</strong> circonstances<br />

l’exigeaient, il savait montrer de la résolution et de l’énergie.<br />

L’empereur l’honorait d’une confiance et d’une estime sans bornes ;<br />

aussi ses collègues ne le voyaient qu’avec un sentiment de crainte et de<br />

terreur.<br />

Chân-hiên-jîn, qui se trouvait alors au comble des honneurs et de la<br />

fortune, avait pris, à son insu, un air fier et arrogant et des manières<br />

dures et farouches. Mais la jeune Chân-taï était bien loin de ressembler<br />

à son père. Elle était belle comme <strong>les</strong> per<strong>les</strong> et le jade, brillante comme<br />

<strong>les</strong> fleurs de Tchi et de Lân, blanche comme la glace et la neige, pure<br />

comme <strong>les</strong> nuages et l’air. Il p.036 suffisait de l’avoir vue une seule fois<br />

pour trouver tous ces charmes sur sa figure. Quant à son caractère, il<br />

était grave et sérieux, et elle se gardait de parler et de rire à la légère.<br />

Quoiqu’elle fût la fille d’un ministre d’État, <strong>les</strong> étoffes de soie brodée,<br />

<strong>les</strong> per<strong>les</strong> et <strong>les</strong> plumes bleues n’avaient nul attrait pour elle. Chaque<br />

jour, après avoir fait une toilette modeste et s’être vêtue d’une robe<br />

blanche, elle s’asseyait tranquillement dans un pavillon élevé, et<br />

mettait tout son plaisir à lire ou à composer en brûlant des parfums et<br />

en buvant du thé exquis. A voir son air grave et son amour de la<br />

retraite, on l’eût prise pour un vieux lettré. Elle avait dit adieu à l’éclat<br />

du fard et de la céruse, dont se servent <strong>les</strong> femmes dans le but de<br />

plaire et de séduire. Bien qu’elle ne fit qu’entrer dans sa dixième année,<br />

elle avait déjà l’apparence et le ton d’une personne mûre.<br />

Ce jour-là, elle était justement occupée à lire au haut du pavillon, et<br />

était tombée sur un passage où l’on racontait qu’Hiouên-tsong, de la<br />

dynastie des Thang, se trouvant avec sa favorite Yang-koueï dans le<br />

kiosque des parfums exquis, d’où ils admiraient <strong>les</strong> fleurs des Meou-tân<br />

(Magnolia mou-tân), eut le désir de faire composer des vers dans le<br />

goût moderne et d’en entendre la musique. Sur-le-champ, il demanda<br />

Li-thaï-pé ; mais ce poète était alors plongé dans l’ivresse. L’empereur<br />

ordonna à sa favorite de lui tenir l’encrier, et aux eunuques du palais de<br />

lui ôter ses bottes. Li-thaï-pé, s’étant éveillé, prit son pinceau, l’imbiba<br />

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