les deux jeunes filles lettrées - Chine ancienne

Les deux jeunes filles lettrées
réussissons à les vaincre, lorsque demain le bruit se répandra
qu’ils ont composé sans succès avec des servantes, ne sera-ce
pas le comble du déshonneur ? Et quand nous serions vaincues
par eux, nous ne serions à leurs yeux que de simples servantes ;
il nous serait encore aisé de cacher ou de colorer notre défaite,
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et peut-être que nous ne risquerions pas de perdre notre
réputation.
Après avoir entendu ces paroles, Chân-hiên-jîn fut transporté de joie.
— Ce stratagème, dit-il, est vraiment merveilleux !
Ling-kiang-sioué en fut également charmée.
— Mademoiselle, dit-elle, ce moyen est excellent, mais il faut
bien se garder de le laisser transpirer : comment ces deux
fanfarons de lettrés pourraient-ils le deviner ?
Ce plan étant bien arrêté, Chân-hiên-jîn envoya un domestique à
Pou-hoeï pour lui dire que si les jeunes étudiants, qui avaient composé
les vers, revenaient dans le couvent, il le priait de les amener et de les
lui présenter.
Laissons-le faire, en les attendant, les préparatifs nécessaires et
revenons à Yên-pé-hân et à P’ing-jou-heng.
Après avoir pris congé de Pou-hoeï, ils s’en retournèrent, en
délibérant tout le long de la route.
— Quoique nous soyons venus ici, dit Yên-pé-hân, sous prétexte
de mettre à l’épreuve une personne de talent, le fait est que
c’était pour un mariage ; pourquoi avoir oublié un moment notre
projet ? Maintenant que nous avons composé ces stances où
nous l’avons traitée tous deux avec dédain, il est impossible
qu’elles n’arrivent pas à la connaissance de M. et de
mademoiselle Chân. Dès qu’ils les auront vues, peut-on supposer
qu’ils ne s’en fâcheront pas ? Et quand ils auraient l’âme assez
élevée pour ne point nous garder rancune, il nous faudra
décidément désespérer de ce mariage.
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