les deux jeunes filles lettrées - Chine ancienne

Les deux jeunes filles lettrées
— Quelle affaire ? demanda Chân-hiên-jîn.
— Tout à l’heure, dit Pou-hoeï, deux jeunes lettrés, venus je ne
sais d’où, m’ont demandé la permission de se reposer ici ; l’un
d’eux s’appelle Tchao et l’autre Tsiên. Je leur demandai quelle
affaire les amenait ici. Ils me répondirent qu’ils désiraient voir
Votre Excellence.
« Et dans quel but voulez-vous voir Son Excellence ? leur
demandai-je encore. Ils me dirent qu’ayant entendu parler du
talent de mademoiselle Chân, ils étaient venus exprès pour la
mettre à l’épreuve. Je leur répliquai que mademoiselle était
indisposée ; puis, par égard pour leur qualité d’étrangers, leur
jeunesse et leur extérieur distingué, je leur fis connaître le
caractère de votre noble fille, et les engageai à s’en retourner
pour ne point s’attirer quelque mésaventure ou un affront. Mais,
incapables de distinguer le bien du mal, ils me répondirent, au
p.486 contraire, qu’ils voulaient absolument aller chez vous pour la
mortifier. Au moment de partir, ils ont écrit deux pièces de vers
sur ce mur, ajoutant que, dans quatre ou cinq jours, ils
reviendraient voir mademoiselle et juger, en composant avec elle,
de son talent et de son instruction. N’est-ce pas là un langage
bien ridicule ?
— Ce sont, sans doute, leurs vers que je vois sur le mur ? reprit
Chân-hiên-jîn.
— Précisément, répondit Pou-hoeï ; mais j’ignore ce que cela
veut dire 466 .
Chân-hiên-jîn s’étant approché du mur, lut la première pièce qui
était ainsi conçue :
Depuis mille générations, le talent littéraire brille comme les
étoiles et le soleil ;
Pourrait-il avoir été donné secrètement à une jeune fille aux
fins sourcils ?
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