les deux jeunes filles lettrées - Chine ancienne

Les deux jeunes filles lettrées
— Il est évident, dit-elle en elle-même, que mademoiselle veut le
mettre à bout. Allons ! il faut aussi que je le bafoue d’importance.
Puis, s’adressant au petit domestique :
— Vous n’avez pas besoin, lui dit-elle, de sortir et d’aller
chercher quelqu’un. Je vais vous écrire les vers que vous
demandez.
— Mademoiselle, repartit le petit domestique, si vous daignez les
composer, cela vaudra bien mieux.
— Suivez-moi, dit Ling-kiang-sioué.
A ces mots elle le mena dans sa chambre, et improvisa deux quatrains
qu’elle lui remit de suite.
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— Portez cela à votre maître, lui dit-elle ; seulement, vous direz
que c’est M. Song qui les a composés.
Une fois en possession des vers, le petit domestique ne se
sentit pas de joie. Ling-kiang-sioué ordonna aux servantes de le
conduire au bas du pavillon. Comme le petit domestique arrivait avec
les vers, Tchang-în, l’ayant tout à coup aperçu de loin, se hâta de
prétexter un besoin et courut au bas des degrés. Le petit domestique
s’approcha tout près de lui, et remit entre ses mains les vers qu’on
venait de composer à sa place.
Dès que Tchang-în fut en possession des vers, il prit courage et
sentit renaître son ardeur. Il rentra avec un front hautain et s’assit.
— Toutes les fois qu’on fait des vers, dit-il, il faut chercher un
sujet pour s’inspirer. Par hasard, au moment où je descendais les
degrés, l’inspiration m’est venue tout d’un coup et j’ai achevé
mes vers en un clin d’œil.
Prenant alors furtivement la copie des vers qu’on avait composés pour
lui, il l’étendit au bas de la pièce originale. Il s’était figuré d’abord qu’il
n’y avait qu’une pièce de vers, mais quand il en vit deux, il n’en fut que
plus ravi. Il les copia alors, d’après le modèle qu’il avait sous les yeux,
et après avoir fini de les écrire, il les relut à voix basse d’un bout à
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