les deux jeunes filles lettrées - Chine ancienne

Les deux jeunes filles lettrées
Les pensées des hommes de talent n’ont rien d’emprunté ; leur
instruction n’est point vide.
Je rougis de ce que mes deux yeux sont dépourvus de perles 529 .
Quand votre beauté égalerait celle d’une belle aux fins sourcils,
jamais elle ne vous céderait la victoire.
Parmi les hommes de talent, qui pourrait-on comparer à Lîn-
siang-jou 530 ?
Après avoir fini de lire, P’ing-jou-heng poussa un soupir. « En
venant ici sous le nom de Tsiên-hong, se dit-il en lui-même, je n’avais
d’autre but que de voir mademoiselle Chân pour disputer la palme du
talent ; pouvais-je m’attendre à rencontrer une jeune servante
employée comme secrétaire, qui ne daignerait pas me céder un pouce
de terrain ? Que serait-ce si j’avais eu affaire à mademoiselle Chân ?
Ces jours derniers, j’ai écrit sur le mur du couvent de Tsié-în des vers
pleins d’une folle arrogance. Aujourd’hui il faut que j’avoue ma faute. »
Il prit alors un pinceau et écrivit les vers suivants : p.521
Je suis désolé de ce que mon cœur n’a pas été vide 531 ;
Je suis honteux d’avoir eu des yeux dépourvus de perles 532 ;
Dans mon fol orgueil, je convoitais les étoffes bleues et jaunes
dont s’habillent les princes.
Je devrais mourir de douleur en voyant que je n’ai pu égaler
une servante vêtue de bleu.
Quand P’ing-jou-heng eut fini d’écrire, une servante prit les vers et
alla les présenter à la jeune fille.
Après les avoir lus, la jeune fille lui dit en riant :
— Pourquoi avoir affiché hier tant de jactance et montrer
aujourd’hui tant de respect ?
Là-dessus, elle composa le quatrain suivant sur les mêmes rimes :
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