les deux jeunes filles lettrées - Chine ancienne

Les deux jeunes filles lettrées
— Avant-hier, dit-il, je suis allé pour vous saluer, et je ne vous ai
point rencontrés ; de plus, j’ai manqué la visite que vous avez
daigné me faire. En conséquence, j’écrivis un petit billet pour
vous inviter à une collation, mais à son retour, le messager
m’apprit que vous étiez déjà partis. J’étais justement à me
désoler de n’avoir pu vous voir une seule fois, lorsque soudain
vous m’avez encore honoré de votre visite : en vérité, ce
bonheur passe mes espérances. J’imagine que mon secrétaire
avait été mal informé.
— Avant-hier, dit Yên-pé-hân, après avoir été vous rendre visite
sans vous rencontrer, nous avons réellement changé de demeure.
Mais tout à coup, il est survenu une affaire sur laquelle nous
avons besoin de consulter Votre Excellence. Voilà pourquoi nous
sommes venus une seconde fois pour vous présenter notre
demande.
A ces mots, il ordonna à un domestique de remettre au p.593 préfet
la liste de ses présents.
— Si vous ne dédaignez pas, lui dit-il, ces chétifs cadeaux, je
serais heureux de vous témoigner un peu mon humble respect.
— Pour moi, dit le préfet, comme je ne vous ai pas encore
prouvé mon faible respect, comment oserais-je accepter vos
magnifiques présents ? Seulement j’ignore quelle est l’affaire sur
laquelle vous voulez m’interroger.
— J’ai appris, dit P’ing-jou-heng, que Ling, le Tchong-chou
(secrétaire du palais), qui a l’honneur d’être un de vos
subordonnés, avait une fille d’un rare talent. J’ignore quel est son
honorable nom, et j’ose supplier Votre Excellence de m’en
instruire.
— Elle s’appelle Ling-kiang-sioué, répondit le préfet ; comment
avez-vous pu le savoir, et pourquoi vous en informez-vous ?
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