les deux jeunes filles lettrées - Chine ancienne

Les deux jeunes filles lettrées
exemptes de vanité, cependant j’avais réellement l’intention de
lui montrer de l’estime et de l’affection. Je supplie Votre
Excellence de daigner m’excuser.
— Quant à l’étang du phénix, dit P’ing-jou-heng, je ne puis
espérer qu’elle me le cède tout à fait ; mais je serai assez
heureux si elle me permet seulement de m’y promener comme la
mouette ou le cormoran 480 .
— p.497 Ne parlons plus de cela, répliqua Chân-hiên-jîn ;
Seulement, comme vos deux Seigneuries m’ont honoré de leur
visite, je vous demanderai quelle était votre intention ?
— Vos deux serviteurs, dit Yên-pé-hân, sont de pauvres lettrés
d’un pays lointain ; quoique chaque jour nous nous livrions aux
exercices littéraires, nous sommes seuls et sans instruction.
Toutes les fois que nous avons composé des vers ensemble, nous
ignorons d’ordinaire à qui appartient le premier et le second rang.
Ayant appris que les compositions littéraires de votre noble fille
sont suspendues avec honneur aux portes du royaume 481 , que
sa brillante réputation s’étend dans tout l’empire, et que de plus
elle est chargée de mesurer le talent avec un pied de jade 482 ,
voilà pourquoi nous sommes venus tous deux au bas de son
pavillon, afin de déployer notre faible talent et la prier de dire, en
le mesurant avec le pied de jade, quel est le plus grand et le plus
médiocre 483 . Peut-être pourra-t-elle déterminer qui de nous deux
l’emporte sur l’autre.
— Messieurs, dit Chân-hiên-jîn, si avec un talent aussi éminent
que le votre, vous venez demander des leçons à ma petite fille,
on peut dire que ce serait vouloir découvrir l’immensité des cieux
à l’aide d’un tube de bambou, ou mesurer avec une coquille les
vastes flots de la mer. Mais puisque vous avez daigné m’honorer
de votre visite, p.498 j’aurais mauvaise grâce à repousser votre
demande. Seulement il faut de toute nécessité qu’un examen
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