les deux jeunes filles lettrées - Chine ancienne

Les deux jeunes filles lettrées
pièces de vers pour l’exciter à composer à son tour, et nous
jugerons alors de sa force.
— Rien de plus aisé, dit Yên-pé-hân.
A ces mots, ils mirent de vieux bonnets et de vieux habits, et
quoiqu’ils emmenassent avec eux deux domestiques, ils leur
recommandèrent de les suivre de loin, et de ne point se rapprocher
d’eux. Cela fait, ils sortirent de la ville. Comme Yên-pé-hân se
souvenait d’avoir entendu dire au cabaretier que le Ko-lao (le ministre
d’État), demeurait dans le village de Kouân-mo, ils se dispensèrent de
s’informer de Son Excellence Chân, et se contentèrent de demander ce
village. Ils furent charmés de rencontrer, tout le long de la route, des
montagnes verdoyantes et des bassins d’eau limpide où l’on arrivait par
des sentiers sinueux. De sorte que, tout en marchant, ils parcoururent
sans s’en apercevoir un espace considérable. Arrivés à l’entrée du
village qu’ils cherchaient, ils aperçurent un petit couvent qui leur parut
aussi élégant que tranquille. Les deux voyageurs voulaient d’abord se
reposer, ils désiraient ensuite demander des nouvelles. Ils entrèrent
donc tout droit dans le couvent. Un religieux, p.473 les ayant aperçus,
s’empressa d’aller les recevoir.
— Messieurs, leur dit-il, d’où venez-vous ?
— Nous deux, dit Yên-pé-hân, comme le printemps étale tous
ses charmes, nous sommes venus par hasard pour chercher les
fleurs ; mais en arrivant ici, nous avons tout à coup ressenti de
la fatigue, et nous serions heureux de nous reposer un instant
dans votre vénérable monastère.
— En ce cas, dit le religieux, veuillez venir vous asseoir dans
l’intérieur.
A ces mots, il les conduisit dans la salle de Fo (Bouddha) et les
invita à s’asseoir. Il ordonna d’abord à un jeune novice d’aller préparer
le thé, puis il leur adressa la parole.
— Messieurs, dit-il, quel est votre illustre nom de famille ?
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